Monday, July 13, 2015

Le rasa hariagna et ses valeurs coutumières chez Betsimisaraka Sambava

                                                             SOMMAIRE
Sommaire
Remerciements
Introduction                           
                                                              
                                                          GENERALITES
                                            Situation géographique de Sambava
                                            Bref historique de Betsimisaraka
                                            Etymologie du mot Betsimisaraka
                                         Définitions de tradition et Rasa Hariagna
                                             I-LES PHASES PREPARATOIRES DE LA PARTAGE DE BIENS
                                                                       1-La réunion des familles organisatrices
                                                 2-La répartition des dépenses
                                                                 3-La consultation de Devin-Guérisseur
                                      4-L’invitation aux assistants de la cérémonie
                                      5-Les participations des invités
                                         II-LES PREPARATIFS DE LA CEREMONIE DE PARTAGE DE BIENS
                                                                  1-Le rituel de dépôt de vêtements
                                                                             2 Le veille et le cœur de la cérémonie
                                                                   3-Les invocations sacrées 
                                                                   4-Le repas sur l’autel et collectif
                                                                   5-La clôture du rite : (l’accrochage de bucrane
                                                                    6-Le retour au village
                             III-LES RAISONS DE LA PRATIQUE ET SES VALEURS COUTIMIERES
                                                                       CHEZ LES  BETSIMISARAKA SAMBAVA 
              
                                                                          CONCLUSION
                                                                                   TABLES DES MATIERS
                                                                                              BIBLIOGRAPHIE





                                                      REMERCIEMENTS
                  Ce mini-mémoire est arrivé à ce stade grâce  aux soutiens et aux aides qui m’ont été offert.
                  J’adresse mes remerciements aux personnes qui m’ont aidé à la réalisation de ce livre.
                  C’est pour cette raisons que j’exprime mes gratitudes envers :
·         Dieu, Le Tout puissant, qui m’a donné la vie, la connaissance, la santé et la force  à la réalisation de ce fruit de mes recherches,               
·          Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à notre professeur responsable, Monsieur le professeur JAOVELO-DZAO Robert, notre aimable et impeccable professeur d’Anthropologie culturelle, de m’avoir donné l’opportunité  et le choix de réaliser ce gigantesque travail. Je le remercie de m’avoir encadré, orienté, aidé et conseillé,
·         J’adresse mes sincères remerciements à tous les professeurs, intervenants et toutes les personnes qui par leurs paroles, leurs écrits, leurs conseils et leurs critiques ont guidé mes réflexions et ont accepté à me rencontrer et répondre à mes questions durant mes recherches,
·         Je n’oublierais jamais de remercier Monsieur TOTOMARIVARIO Alex, notre  chef de département d’études des langues appliquées, de nous avoir accordé  l’accès au laboratoire des langues,
·         Je ne sais pas comment exprimer mes gratitudes envers mes chers parents et mes familles qui m’ont soutenu financièrement et moralement tout au long de mes études. vous avez tout sacrifié pour vos enfants n’épargnant ni santé ni efforts. Vous m’avez donné un magnifique modèle de labeur et de persévérance
·         Je tiens à remercier également mes informatrices, MARIE Julette et TOBAVY Kalo de m’avoir aidé des volumineuses informations sur la recherche des documents afférents pendant les enquêtes sur terrain de cet énorme travail,
·         J’adresse aussi mes vifs remerciement à tous mes collègues  du niveau « D » d’étude  Anglo-américaine pour leurs soutiens durant mes recherches,
·         Je tiens enfin à remercier à ceux qui m’ont aidé de loin ou de près.
·         Je n’arrive pas à réaliser ce travail sans vos aides que j’ai mentionné ci-dessus, vos aides inconditionnels m’ont permis d’achever ce travail.






                                  INTRODUCTION 
                Malgré la propagation des religions Chrétiennes  qui fanent les différents rites à nos jours,  la culture traditionnelle reste à pratiquer  et avoir sa grande place presque partout dans les quatre coins du monde. Ce dernier reste au cœur de Malgache. Madagascar est parmi l’un des pays qui valorise et adhère cette dernière. Mais ce rituel varie d’une région à l’autre. Cette croyance a des raisons bien spécifiques et des significations dans leur vie courante. La plupart des Malgaches croient qu’ils auront une autre vie après sa mort, c’est-à-dire la vie au-delà ou la vie éternelle. Donc, il est mieux de se préparer la vie au-delà depuis sur cette terre. La vie des êtres humains ne se termine-t-elle pas dans le monde terrestre. Cette  continuité  demande  certaine  collaboration corrélative de la part des morts et des vivants. Là, il existe deux sociétés: la société des  vivants  et  celle  des  morts.  Il  y  a  une  relation selon  laquelle,  comme  les  êtres humains, les morts ont besoin des choses. Par exemple, les vivants apportent, pour les morts à  la  tombe,  du  tabac,  des  objets  auxquels  le  mort  accordait  tant  d’importances.  C’est  la raison  pour  laquelle  les  Malgaches  pratiquent  des  rites  d’intégration  pour  marquer  cet rapport de la continuité de la vie afin de pouvoir  se réconcilier avec les ancêtres. En général, pour connaître la vie des paysans malgaches, il faut saisir leur structure sociale. Cette dernière joue un rôle considérable dans leur vie. En tant qu’être social, il est difficile pour l’homme de vivre en marge de société. Le Malgache croit que l’homme peut vivre éternellement dans celle-ci. Nous pouvons comprendre cette phrase par une citation célèbre de Platon qui convient aussi fort bien à la définition aristotélicienne de l’homme : « L’homme c’est l’esprit ». L’homme est essentiellement esprit et dont le corps n’est qu’un simple porteur dans la mesure où quand il sera mort, l’esprit s’en détache pour rejoindre la vie de l’éternité. Dans la région betsimisaraka comme Sambava, ces rituels gagnent toujours leurs importances. Dans cette perspective où s’inscrit notre thème de recherche intitulé : ‘’LE RASA HARIAGNA ‘’ ou le partage du bien. Le rasa hariagna peut s’écrire en deux mots ou en un mot malgache comme j’ai écrit juste au-dessus d’après l’information que nous avons fournit: rasa qui veut dire partage, Hariana : bien ou richesse. L’accomplissement de la cérémonie du rasa Hariana est si important pour que les habitants puissent assumer leur vie avec réussite, sinon cette vie se transforme en catastrophe. Ce rituel peut avoir lieu cinq ans après la mort. La pratique de cette dernière permet ses descendants d’avoir la bénédiction venant de ses ancêtres. Dans le cas où la famille qui devait faire ce rite ne dispose pas encore de moyens, le défunt en question peut attendre.   Actuellement, cette cérémonie rituelle de partage de bien se fait de plus en plus rare par rapport au demi-siècle passé. Quel est le facteur de cette régression ? Certains gens pensent que cette dévalorisation a des liens  à la cherté de la vie. Certes que l’abandon de ce coutume centenaire  peut produire tant de problèmes dans la vie sociale. Face à ces problématiques,  de nombreux descendants de Betsimisarakais qui croient à  sa nécessité dans leur vie continuent à la pratique de ce rite. Mais d’autres gens se positionnent sur la question de la religion. Le Christianisme critique la pratique de cette dernière. D’après eux, la pratique de cette coutume est parmi l’un des grands opiums de la religion et aussi l’un  des gaspillages irraisonnés. Pour analyser ce sujet, nous allons diviser le présent mini-mémoire en trois parties. La première partie est intitulée : ‘’ la préparation du rituel de partage de biens’’ dans laquelle nous expliquerons les différentes étapes à la phase préparatoire de ce rite. Ensuite, dans  la deuxième  partie de notre travail,  nous aborderons les  préparatifs  de  la  cérémonie,  les  invocations sacrées  (le jôro) et la clôture de ce rite. Et enfin, dans  la  troisième  partie,  notre  travail  consiste  à  dégager  la raison de la pratique et ses valeurs coutumières chez les Betsimisaraka Sambava.

   SITUATION GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE DE SAMBAVA
       La ville de sambava est située dans le cote nord Est de la grande ile, plus précisément entre le district de Vohémar et Antalaha. Sa situation géographique qui la met au centre des 3 trois villes telles qu’Antalaha, Vohémar et Andapa. Cet avantage géographique facilite son élection comme chef-lieu de région de SAVA. De son nom, le suffixe ‘’BAVA’’ est le jeu de mots  qui vient de dialecte régional :’’Sambava, izay tsy mahay mitam-bava’’. Littéralement, Sambava, ce qui ne sait pas touche sa bouche avec ses mains en exprimant l’étonnement de sa beauté, cela veut dire que sa beauté rend surprise de nombreux visiteurs qui n’ont jamais connu et n’ont mis ses pieds de cette ville paradisiaque lors de son passage. Cette ville unique est une ville cosmopolite.
          Ce district abrite tous les citoyens des diverses nationalités du monde entier ainsi que les 18 ethnies natifs de la grande ile. Plus de 80% des populations qui peuplent cette ville sont  de Betsimisaraka. Elle est connue comme première ville productive de la vanille et aussi de coco. Ce district a une première qualité de la vanille mondiale derrière Brésil. Il est considéré comme capital de la vanille derrière le district d’Antalaha.     Généralement, plus de 75% des peuples Sambaviens sont des agriculteurs comme ce district est doté d’une terre productive ainsi que des richesses naturelles.. Aussi, le Betsimisarakais de Sambava est polythéiste. Malgré sa population pratique le culte ancestral, ce n’est pas veut dire qu’elle est athéiste. Il y en a des Chrétiens avec des différentes religions. Comme son caractéristique, le Sambavien a de bonne hospitalité de son visiteur.  Sa température varie entre 26 °C, et vent souffle à 24 km/h avec 61 % d'humidité Actuellement, sa population est à peu près de 60000. L’agriculture et l’élevage est la principale source de vie de la population locale.



                                         BREF HISTORIQUE DE BETSIMISARAKA
        Le Betsimisaraka est l’une des 18 ethnies de Madagascar, qui occupent la majeure partie du littoral oriental de l'île, depuis la région de Mananjary au sud, jusque dans celle d'Antalaha au nord. Comme les Sakalava de la côte ouest, les Betsimisaraka constituent un regroupement de plusieurs communautés que les circonstances historiques ont unifié à l'intérieur d'une même dénomination. Ce regroupement a été qualifié de confédération, dans la mesure où il ne se réalise pas dans le but d'élire un seul et même homme à sa tête, mais de créer des alliances économiques et politiques entre les différentes communautés qui la composent. Ces alliances sont nécessaires au bon fonctionnement de ces sociétés car le contexte de cette région au XVIIIe siècle, façonné par des échanges commerciaux importants entre européens et malgaches, pouvait déstabiliser leurs organisations. Au XVIIIe siècle, Madagascar a de nombreux contacts et des échanges avec les étrangers, principalement sur la côte nord-ouest et la côte orientale de l'île. Cette économie concerne divers produits comme le riz, le bétail, les écailles de tortues, et autres, mais elle se concentre principalement sur le commerce d'individus. C'est au XVIIIe siècle que la traite esclavagiste prend son véritable essor, principalement impulsée par la demande de main d'œuvre croissante des nouvelles colonies, pour travailler dans les plantations. Pour autant il faut savoir que la traite des hommes existent depuis plusieurs siècles; depuis les premières migrations austronésiennes et africaines, entretenus ensuite par les musulmans de la côte est africaine et poursuivis par les européens dès le XVIe siècle empruntant la route des Indes. Ils faisaient escale à Madagascar pour se ravitailler, se reposer et par la même occasion emmener des hommes à bord, qui sont ensuite revendus ou gardés par les équipages. Il faut prendre en compte que le contact avec les étrangers est déstabilisant car il est de nature purement économique. C'est-à-dire que les traitants européens (soit les négriers, soit les marchands en général) n'hésitaient pas à créer des tensions et même des conflits entre les différentes communautés, afin qu'ils se fassent la guerre, fassent des captifs, pour leur être ensuite revendus; il n'intervient ici aucune humanité. La demande d'esclaves étant en pleine expansion au XVIIIe siècle, elle menace les sociétés malgaches et provoque de nombreuses tensions entre les différentes communautés du pays. Les communautés en sont déstabilisées et divisées au moment où les structures politiques se morcellent peu à peu, c'est-à-dire à partir de la fin du règne de Ratsimilaho.  Ratsimilaho est un chef mulâtre qui a réussi rallier les communautés de la majeure partie de la côte est de Madagascar, sous une même dénomination: Betsimisaraka, c'est-à-dire ceux qui ne se séparent jamais, ceux qui restent solidaires. Ce ralliement va permettre de pouvoir faire face et gérer les échanges avec les européens, sans qu'ils ne perturbent complètement ces populations.


                                   ETYMOLOGIE DU MOT BETSIMISARAKA
Le nom Betsimisaraka peut être divisé comme suit : be-tsy(i)-misaraka.
  Généralement, il est composé de : -be  un adjectif qui signifie immense ou grand
                                                                 - tsy l’adverbe ne…pas etc .
                                                                   -misaraka qui signifie se séparer
        L’ensemble de ces trois mots donne le nom Betsimisaraka qui veut dire les nombreux qui ne séparent pas mais restent toujours ensemble dans la vie quotidienne. Historiquement, cette région est l’un des premières régions habitées de Madagascar pendant la quelle l’écriture n’existait pas encore. L’oral était le seul moyen utilisé comme outil de communication et de l’éducation.
       Actuellement, cette ethnie est devenue l’une des larges ethnies de la grande ile. On peut trouver cette dernière dans les quatre coins de nos pays. Son expansion développe selon l’espace de temps qui existe. Elle tient une place importante dans la société Malgache à ère actuelle. Cette importance lui qualifie dans la classe de 18é ethnies qui existent à Madagascar. Le pays Betsimisaraka s'étend sur environ 72 000 km2 pour une population approximative de 1 million et demi d'habitant qui sont répartis sur 15 chefs-lieux. Les Betsimisaraka sont sédentaires et sont pour la plupart des agriculteurs et des pêcheurs. Les agriculteurs pratiquent l'agriculture sur brûlis (le tavy) depuis des temps ancestraux.




                                                             DEFINITIONS
          Pour commencer, il nous faut  de définir  ce  qu’on entend par le Rasa Hariagna  et la tradition. Tout d’abord, la tradition, c’est l’ensemble de tout ce qui a été créé et respecté par les ancêtres, que leurs descendants peuvent, voire doivent respecter parce que le non-respect de cette tradition laisse l’individu en marge de la société et peut lui créer un malheur un jour. Prenons donc quelques exemples de traditions : religion ancestrale, coutumes et rites de Betsimisaraka, respect d’une structure traditionnelle, respect de divers tabous. Même s’il y a pénétration et la dynamique de plusieurs civilisations étrangères dans le district, la religion ancestrale n’est pas encore effacée parce que presque tous les habitants l’y observent encore jusqu’à ces jours. Les gens vouent le culte à leurs ancêtres par l’intermédiaire du pied de grand arbre, pierre sacrée, les tromba, partage de biens, tenue de promesse, circoncision et l’exhumation. Ils sont considérés comme des divinités auxquelles les habitants s’adressent dans leurs invocations pour avoir la bénédiction des esprits supérieurs ; la profanation de ces êtres ou objets entraîne souvent des malédictions, rend la vie de fautives problématiques, pouvant rapidement déboucher sur leur mort. Les traditions et coutumes exigent que les morts reçoivent aussi leur part de l’héritage. Ainsi, on offre un bœuf à un individu un ou deux ans après sa mort. Cette pratique s’appelle rasahariaña, littéralement « partage de richesse ». On sacrifie un (01) ou quelques bœufs et on organise une grande cérémonie au moment de l’exhumation d’un mort. Ayant  admis  l’immortalité  de  l’âme  humaine,  les  Malgaches avaient pratiqué le culte de leurs Ancêtres. La mort ne signifie nullement une dissolution totale. Durant sa vie, l’homme travaille non seulement pour avoir tout ce dont il a besoin mais aussi pour préparer sa mort. Accéder au monde des ancêtres n’est pas une chose facile. Il faut bien s’y préparer. C’est pourquoi nous dépensons beaucoup concernant les cérémonies ancestrales y compris le rituel solennel de partage de biens. Des différentes versions nous ont été données  lors de nos enquêtes et sur nos recherches à propos de la définition de ce rite. D’après nos informatrices, MARIE Julette  et TOBAVY Kalo résidantes de Diego actuellement d’origine de la région SAVA, le partage de bien est définit  comme ‘’la commémoration de défunt de la part de vivant’’.  Avant d’expliciter ce terme, dans son livre intitulé Essai de philosophie betsimisaraka, sens du famadihana, E.R. MANGALAZA l’écrit en deux mots« Rasahariaña »17. Quant à Fulgence FANONY, dans le Fasina, dynamisme social être cours à la tradition, il écrit ce terme en un seul mot : «Rasahariañ». Lors de nos enquêtes sur terrain, nos informateurs semblent le prononcer en deux temps comme si c’était écrit en deux mots. Littéralement, ces deux mots peuvent avoir leur traduction, tout d’abor, « rasa » qui veut dire« part » et hariaña, signifie la « richesse » (les biens). Le sens de ces mots « rasa hariaña », c’est le partage de biens pour le défunt dans ce sens que c’est lui qui va recevoir sa part de richesse. Selon Fulgence FANONY:« La signification exacte de ce sacrifice réside dans l’analyse du mot Rasahariana lui-même. En effet, le mot est composé de Rasa=part et hariana = richesse (prononcé hariagna dans le dialecte betsimisaraka). Il n’est pas le futur du verbe manary (jeter) comme on a tendance à le croire.

        En effet, en dialecte betsimisaraka: hariagna, futur du verbe jeter se prononce et s’écrit de la même façon que hariagna (richesse). Il s’agit donc ici de la part de richesse que l’on donne et qui met en communion avec le mort et non d’une part que l’on jette pour se débarrasser du mort. Le mort n’est pas un oublié, un absent mais bien un présent envers qui on a des devoirs d’amour. Ce sacrifice guidé par l’amour, l’est aussi et surtout par la fidélité à une coutume ancestrale et par crainte. Le prêtre lui-même avoue ignorer l’origine de ce coutume mais il en appelle le devoir : (il faut donner au mort sa part de richesse et le pleurer).
        Par contre, Concernant le sens littéral de ces mots, surtout le mot hariaña, il y a une difficulté pour nous qui ne vivons pas cette tradition. Car avec ce mot, selon le dialecte local, nous pouvons avoir deux traductions différentes : hariaña (en malgache officiel « harena ») qui veut dire richesse et hariaña (mot de la même famille de mañary, nariaña) qui signifie jeter. Mais ici, nous adoptons le sens de hariaña qui signifie « richesse ». C’est cette dernière qu’on va donner au défunt. Si nous posons une question aux organisateurs sur le type de ce rite, il répond souvent : « Nous offrirons la part de richesse au feu untel »,( Izahay hañome rasa hariaña i Riano.).Tant que ce rituel solennel n’est pas accompli, aucun des descendants n’a le droit de prendre la part qui lui revient à titre permanent car le partage de biens entre les héritiers ne peut s’effectuer qu’après avoir donné celui du mort. D’après nos intermédiaires, il parait que ce n’est pas tout le défunt qui bénéficie de cette part de richesse. Les enfants morts à moins de quinze ans, n’en bénéficient pas. Ce rite est destiné à ceux qui ont bien agi pendant leur vie sur terre et ont laissé de biens durables Car ils sont encore dépendants, ce sont leurs parents qui les prennent en charge. Les gens qui sont irresponsables et inadmissibles au sein de la société ne bénéficient pas ce mythe. Ce mythe généralement est pratiqué dans la zone rurale Betsimisaraka Sambava ainsi que les Tsimihety d’origine SOFIA habitant Sambava. La fréquence de la pratique de cette croyance est très faible à l’heure actuelle. Peut-on dire que cette tradition ancestrale est dédiée au peuple dans la zone rurale ? Malgré cela, cette culture reste au cœur de la population dans la société Sambavienne.

                            I-LES PHASES PREPARATPOIRES DE PARTAGE DE BIENS

                      1- LA REUNION DES FAMILLES ORGANISATRICES
           Comme tous les autres grands événements, pour que la cérémonie se passe bien, il est nécessaire de prendre le temps de la préparer. Rien ne se produit par hasard, si ce mythe est mal organisé, c’est la famille même qui va subir les conséquences comme la honte,  le mécontentement de ce lui qui va recevoir leur part de biens. A l’inverse, le défunt bénéficiaire a de grande joie  et de considérable honneur. Face aux problèmes qui vont se produire en cas de divagation de la préparation, la famille doit respecter quelques étapes nécessaires à suivre avant de faire ce culte ancestral. Contrairement aux rites funèbres, le rituel de partage de biens pour le défunt se prépare longtemps l’avance. Ici, ce sont leurs descendants qui organisent et décident la date de la cérémonie.  Tandis que pour la veillée funèbre, personne ne la préparera à l’avance, parce qu’on ne sait pas la date de la mort d’une personne. S’il existe une courte réunion des proches de famille du mort, c’est juste pour décider de l’endroit pour l’enterrement. Alors, la faille doit se réunir en décidant ensemble la date pendant laquelle cette cérémonie doit être fixée. Cette réunion familiale doit se centraliser non seulement à la date, tous les processus nécessaires ainsi que les dépenses en charge  de la famille à la réalisation de cet événement mythologique. Des réunions de la famille sont nécessaires pour le bon déroulement de l’événement. Il s’agit d’une préparation collective à laquelle tous les membres de la famille concernés participent. La première convocation à la réunion a lieu trois mois avant la saison des cérémonies rituelles (de juin en septembre), toute la famille est déjà informée. Ici, l’homme choisit la date de la cérémonie, la mort n’est plus alors vécue comme un événement surpris mais comme un événement organisé, un événement décidé à l’avance dans lesquelles vivants ont leur mot à dire. Pendant ces différentes réunions que les membres de la famille fassent la planification générale de ce rite. D’après nos informatrices, ce culte ancestral doit avoir le lieu entre mois de Juin et Septembre. Elles n’arrivent à bien expliciter pour quoi la date de ce rite doit fixer entre ces mois. Mais elles ont souligné que ces mois sont des moments favorables sur cet événement. Lors de ces explications, nous ne faisons que suivre les idéologies et les croyances de nos ancêtres en suivant l’espace de temps qu’ils ont choisit et fixé comme le moment propice à la cérémonie de ce culte. La perfection de la cérémonie dépend donc l’organisation faite par les familles organisatrices. 

                                    2-LA REPARTITION DES DEPENSES
            Pour éviter le désordre, la famille directe de défunt doit prendre en charge toute planification. Cette organisation doit se concentrer non seulement à la date de cette cérémonie mais aussi les partages des taches. Lors des réunions familiales, les membres des familles doivent désigner des responsables de toutes commissions existantes. Les premiers responsables de toutes les dépenses sont les descendants directs du défunt. Dans le cas où le défunt n’a pas d’enfant ni naturel ni adoptif, le partage de biens est à la charge de ses frères et ses sœurs. Si c’est le cas d’un veuf, ses proches doivent l’aider ou vendre une partie de ses biens pour avoir assez d’argent en vue de la préparation du rituel. Cette commission doit s’occuper tous les dépenses qu’il faut à la réalisation de ce rite pour que cette tradition ait lieu à la date donné. Comme elle un affaire familial, toutes les familles sont en charges et responsables à l’accomplissement de cette dernière. Tous ceux qui sont déjà majeurs, même s’ils sont encore dépendants de leur aînés ou leurs parents, possèdent chacun la responsabilité et y participent selon le consensus pris par toute la famille lors de sa réunion. Dans ce cas, la répartition des dépenses peut être inégale. Si le défunt n’a qu’un enfant, ce dernier est le seul responsable du rituel de partage de biens pour son défunt parent. Il peut quand même recourir à ses oncles ou ses tantes. Comme il a été dit plus haut, d’autre possibilité pour réaliser ce rituel, l’intéressé doit vendre une partie de biens laissés par le défunt. Dans son calcul de dépenses, l’organisateur ne compte pas les participations apportées par le voisinage. C’est ainsi que tout le monde sort satisfait du bien sacrificiel. Généralement, les assistants, surtout les femmes, emportent en rentrant le reste du repas et de la viande. Comme tous les autres grands événements, les dépenses doivent être à la charge de celui qui va bénéficier de ses vœux. Mais ici, les familles de défunts doivent s’occuper toutes charges même qu’ils  estiment d’avoir des aides venant de ses voisinages ainsi que ses invités. Pendant la cérémonie de cette dernière, les familles doivent acheter quelques choses qui s’associent à la nécessité à la réalisation de cette tradition afin qu’ils respectent le bon déroulement de ce culte ancestral. Pour faire un rituel festif que ce soit le rituel de tenue de promesse, que ce soit le rituel de bénédiction d’un village ou le rituel de partage de biens pour le défunt, il faut respecter strictement les trois besoins suivants : d’abord, le zébu à sacrifier, c’est le plus important parmi toutes les dépenses; ensuite, le riz pour nourrir les assistants et, enfin, les boissons alcooliques, en particulier la bière artisanale de canne à sucre, betsabetsa autrement dit appelé «Toadrazana», (litt. boisson des ancêtres). Dans un rituel de partage de biens pour les ancêtres, une dizaine de dames-jeannes de bière de canne à sucre est nécessaire, et doit être achetée avec la cotisation familiale, per capita des adultes car les mineurs ne paient pas. Ces dépenses sont aux charges de famille directe de défunts. En cas de défiances de ces moyens, il lui faut de reporter la date jusqu’à ce qu’il trouve des moyens nécessaires à l’accomplissement  de ce rituel.

                     3-LA CONSULTATION DE DEVIN-GUERISSEUR
          Après avoir fait de réunion en accordant des dates ainsi que les dépenses qu’il faut à la réalisation de partage de bien, la famille directe de défunt entre en troisièmes étapes de son parcours. Même qu’on dit que le partage de bien est une affaire familiale des vivants envers des défunts, ce dernier doit respecter  la loi ancestrale. Même si la famille a déjà fixé des dates ainsi bien reparti les dépenses, il lui faut de consulter le Devin-Guérisseur d’accorder ou valider la date favorable de cette cérémonie. Dans toute la vie des Malgaches, paysans ou citadins, riches ou pauvres, le recours aux devins guérisseurs est encore fréquent. Leurs actions ne concernent pas uniquement la société rurale mais elles intéressent aussi les citadins. Qu’il s’agisse des chômeurs pour trouver un emploi, de l’ouvrier pour ne pas perdre son emploi et aussi bien des politiciens pour maintenir le plus longtemps possible leurs privilèges, ils sont tous intéressés aux« miracles » produits par le devin-guérisseur. Pour la société rurale, avant tout acte à grande importance, que ce soit du travail (le défrichement des champs pour la culture de riz) ou des cérémonies rituelles; les villageois font toujours appel aux devins pour écarter les dangers qui pourraient survenir. Les devins jouent à la fois le rôle de médecin et celui de conseiller. Les plus consultés sont les possédés de tromba et les voyants par la
Géomancie. Il faut aussi avoir les avis des défunts à qui est destiné le sacrifice. Alors, le seul moyen de se communiquer avec eux, c’est d’aller chez les tromba, le géomancien ou les autres devins. Si le défunt en question s’est déjà réincarné dans une personne, la famille peut se communiquer directement avec lui par le biais d’une transe provoquée. Dans ce cas, l’organisateur profite de l’occasion pour lui annoncer la décision des vivants, c’est-à dire le rituel de partage de biens. Il pourra, à son tour, informer la communauté des morts et demander leurs avis sur la date choisie. Quand cette dernière est acceptée par les ancêtres, il n’y a qu’à accomplir le rite. Ce n’est pas seulement la validation de la date de la cérémonie qu’on attend du devin-guérisseur mais d’autres choses encore, comme la préservation des dangers qui pourraient survenir ce jour, des objets interdits à apporter aux lieux de sacrifice, etc. Il est nécessaire de connaître tout cela pour mieux contrôler le rituel de partage de biens pour le défunt. Si les défunts ne sont pas d’accord avec le jour désigné, ils se manifestent sous forme de songe à l’un des membres de la famille qui est généralement le doyen de la famille comme le mentionne Jean POIRIER : « Ce qu’il faut souligner, c’est que ces âmes sont en relation avec le monde des vivants et se manifestent par l’intermédiaire des rêves. C’est le mort qui voudra dire ou avoir dont il a besoin qui manifeste dans le rêve. Dans intervention, MARIE Jullette a dit presque la même chose : ‘’Avant de faire cette tradition, il faut que la famille consulte l’avis de Devin-Guérisseur ainsi que le Doyen au sein de la famille pour que la date soit validée’’. Cette étape peut garantir la perfection à la réalisation de cette coutume ancestrale  qui est typique pour la grande ile.

                      4- L’INVITATION AUX ASSISTANTS DE LA CEREMONIE
         Lorsque toutes les tâches sont réparties, la date est fixée définitivement, le zébu à sacrifier est déjà mis à la disposition de l’organisateur, on procède aux invitations des assistants. Les hommes à inviter sont généralement les membres de la famille, l’alliance et les voisins  des villageois à proximité. Comme toutes les cérémonies de fête, la cérémonie de rituel festif requiert une invitation pour que les assistants viennent nombreux. La différence c’est que les invitations à cette dernière ne sont pas mises dans des enveloppes. Elles sont verbalement prononcées par les spécialistes d’un discours d’invitation désignés à cette occasion. Ils peuvent être des adultes, vieux ou vieilles, des jeunes (garçons ou filles), à condition d’en être compétents. Les familles les plus proches de l’organisateur doivent être invitées les premières. Ce sont des frères, des sœurs et des parents, du côté paternel et maternel du défunt qui recevra l’offrande avec leurs descendants.
       En effet, elles doivent aider la famille organisatrice. En plus, quelques personnalités qui joueront des rôles dans ce rite tels que le gardien du tombeau familial, l’officiant ou l’invocateur, le porte-parole, etc. Après les « Garants du village » doivent aussi inviter avant le Fokonolona. Ces catégories de personnes seront invitées au moins un mois avant le rite pour qu’ils puissent se préparer pour mieux accueillir les invités. Les jeunes gens et les jeunes femmes peuvent participer à la tâche d’inviter les voisins pour ne pas épuiser les parents et leur permettre de s’adonner à d’autres tâches. En arrivant aux invités, les inviteurs disent pour quoi sont-ils venus. Après avoir terminé  sa raison de présence sur le lieu des invités, l’interlocuteur  essaie de reformuler tous les mots que les inviteurs ont dits, il doit s’excuser en cas d’oublier quelques mots que les inviteurs aient dit. Selon la sagesse betsimisaraka, son interlocuteur écoute attentivement et enregistre ce qu’a dit l’hôte.
        Voici un exemple de discours d’invitation prononcé par MARIE Julette,  notre informatrice de 68ans : « Eh oui ! Si nous sommes venus chez vous, en plus de la visite qui a toujours d’autres motifs, nous sommes des envoyés des vieux de chez nous. Nous allons accomplir des rites. Aller cueillir des feuilles sacrées qu’une seule personne ne peut avoir. Nous vous invitons à venir assister au partage de biens pour un tel qui aura lieu le samedi prochain. Alors si nous sommes venus ici chez vous, c’est pour vous informer. Il faut que vous en soyez tous informés.
         A son tour, quand ce dernier a terminé son discours, il prend la parole. Il répète d’abord mot par mot ce qui a été dit, en ouvrant son discours par « D’après ce que vous avez dit : Dans le cas où il ne se souvient pas de tous les mots prononcés, il doit s’excuser en disant : « La parole, dit-on, est comme la toile d’araignée géante : il n’y que son auteur qui peut la produire et la parcourir point par point.
 Si je ne réussis pas à reprendre tout ce que vous avez dit, ce n’est pas par manque de respect à votre égard. » Puis l’hôte termine sa parole en répondant à son visiteur : « Eh oui ! Nous sommes informés. Que notre santé soit toujours Florissante ! Qu’il n’arrive aucun empêchement. Certains de chez nous s’y rendront». En principe, le tour des invitations se termine au plus tard une semaine avant le jour de la cérémonie pour permettre aux invités de préparer leurs offrandes et leurs participations aux dépenses. Avant de s’en aller, l’émissaire rappelle : « Informez-vous ceux qui sont absents ». Après cet échange dialogique, l’hôte peut poser des questions sur les détails omis : l’endroit exact, le moment de la journée, etc. Si l’organisateur a besoin de matériels, des renforts pour assurer tous les travaux avant et durant la cérémonie, c’est l’occasion d’en parler. Si l’hôte dispose des jeunes qui pourraient y participer, il le confirme tout de suite qu’il les enverrait.




                                    5- LES PARTICIPATIONS DES INVITES.
             Dans un rituel festif, ces participations des invités se définissent sous deux catégories : les aides simples et la participation financière (ou en nature) appelés le‘’ sôroñ’afo’’. La distinction réside dans la signification des mots prononcés en l’offrant et la manière de les offrir. Les participations de ces invités peuvent être en argent liquide ou en nature. En nature, par exemple le fait d’aider les organisateurs à chercher des bois de cuisine, à nettoyer les lieux du rituel festif. En plus, certaines personnes apportent des récipients de boisson alcoolique ou de riz blanc. Les aides sont offerts sans contre partie. Il peut être de l’argent, des boissons ou même du riz. Par contre, le « sôroñafo » exige une contre partie : des morceaux de viande. La participation des invitées n’est pas obligatoire mais cela dépend de leurs consciences personnelles. En principe, leurs participations dépendent de leurs moyens. Elles peuvent donner leurs participations avant et durant la cérémonie officielle de cette coutume. Cette aide permet la famille de décédé  réduire leur dépense. Même que  cette dernière n’a pas conclut dans les charges lors de la réunion familiale, il parait que cette participation est très significatives est très espérées par les descendants de défunt. Le non participation des invités malgré que la famille ne présente aucune pression à eux, cela peut produire une grande honte à eux-mêmes. La participation des invités lors de cette cérémonie marque la fraternité et la consolidation des relations entre les familles organisatrices.
 La participation des invités doit être donnée avant ou le jour de cette festivité. Pendant le jour de la cérémonie, la famille organisatrice a confié aussi quelques taches à eux telles les préparations du repas, l’abattage du zébu, lavage des marmites et des assiettes, etc. Malgré que la famille directe de défunt n’estime des aides venant aux invités, il semble que cette dernière est très souhaitée car cette participation des assistants facilitent leurs taches. Dans la société Malgache, le « Fihavanana » est au-dessus de tous. Cette contribution apportée par les assistants marque la fraternité entre les eux camps. Ce dernier est l’une des valeurs cardinales du patrimoine culturelle Malgache. La parenté est très sacrée pour eux. Ce poids de « Fihavanana » oblige les assistants d’aider la famille organisatrice. D’après eux, l’union fait la force. L’affection réciproque consolide cette réciprocité. Pour développer un pays ou la communauté, il nous faut toujours le « Fihavanana ».
Pour le développement, la formation humaine ou anthropique, éthique et technologique est nécessaire. On sait que la majorité des Malgaches sont encore dans ce qu’on appelle « l’économie e substance », ils produisent juste pour subsister, ils produisent pour dépenser. A ce propos, professeur JAOVELO DZAO Robert soulignait que : « travailler pour mourir ». Dans ce cas, il a toujours dit que : « le développement de Maagascar,le mariage entre économie et le « Fihavanana »est indispensable, les seuls conditions sont la pratique de la justice et la loyauté » Sans ses liens de parentés, le développement est loin ‘êtr II-LES PREPARATIFS DE LA CEREMONIE
             En général, la cérémonie de partage de biens commence le vendredi. Le matin de la date donnée, la répartition de tache est comme suite : Les jeunes gens vont voir le lieu où se déroulera la cérémonie du lendemain. Les vieilles personnes accompagnées du garde-tombeau vont au cimetière pour le dépôt des vêtements dans le tombeau du défunt en question. En général, ce dépôt des vêtements doit être indépendant, c’est-à-dire il peut avoir une cérémonie rituelle  spéciale. Lors de cette petite cérémonie, la famille de défunt porte des vêtements neufs à leurs ancêtres pour que ces derniers puissent les porter pour assister au rituel festif en cours. Cette étape est très  importante car cela marque l’ouverture officielle de rite. Comme tous les autres grands évènements festifs, il y a quelques procédures à suivre et respecter avant la cérémonie de ce rite. Les exemples ci-après nous montrent les étapes à respecter en pratiquant cette cérémonie.

          1- LE RITUEL DU DEPOT DE VETEMENTS  
        Comme tous les vivants, à l’occasion de la célébration d’une fête, on s’habille des vêtements neuf pour avoir beaucoup plus de la joie lors de cette dernière. Donc, les défunts ont besoin d’être bien habillés pour venir assister à la fête. C’est la raison pour laquelle la veille de la fête, quelques membres de la famille viennent déposer des vêtements neufs au tombeau familial en l’ouvrant. Ces habits sont destinés aux  ancêtres connus selon leur taille et leur sexe et particulièrement à celui pour qui on va organiser le rituel festif. Selon nos informatrices TOBAVY Kalo et MARIE Julette, le dépôt de vêtements au tombeau avant le rituel festif n’est pas obligatoire. Ainsi, le manquement à ce rite n’est pas un obstacle pour l’accomplissement du rituel du partage de biens destinés au défunt. Mais ce serait une honte de ne pas le faire. La qualité et la quantité importent peu, pourvu qu’on en fournisse, cousus ou non cousus, pantalon ou chemise, pagne ou shorts, etc. S’il faut coudre le tissu, on se réfère sur le modèle de la taille du défunt au jour de sa mort. Selon la croyance des Malgaches, l’âge des personnes à sa mort reste son âge dans l’au-delà, dans le monde des ancêtres. Le rituel du dépôt des vêtements s’accomplit au lever du soleil. L’organisateur, le garde-tombeau et quelques membres de la famille vont au tombeau. Si le défunt en question est du sexe masculin, ils se rapprochent de la porte des ancêtres masculins car les hommes et les femmes sont enterrés dans des fossés différents mais côte à côte appelés :« Traño manara» littéralement « Maison fraîche ». C’est le sens de ce célèbre proverbe Malgache disant : « Velona, iray trano ; maty, iray fasana », « Vivant, on habite la même maison ; morts, on est enterré dans la même tombe ».
           A propos de la séparation sexuelle de la tombe, MANGALAZA écrivait : « D’une manière générale, on ne mélange jamais les ossements des hommes à ceux des femmes. »29
      Le rituel du dépôt de vêtements se déroule comme suit. D’abord, l’aîné de la famille organisatrice prononce l’introduction pour remercier et annonce la raison de la cérémonie en disant : « Merci à vous communauté villageoise réunie ici, venue nous assister, nous donner de la vie, nous honorer. Vous êtes venus sans déprécier nos appels et nous vous en remercions. La raison pour laquelle on vous réunit n’est pas pour un jugement de tribunal, ni pour une bagarre monstre, aussi doit-on vous en parler : nous allons offrir des habits à Ranona […] (on dit le nom du défunt) pour qu’il puisse s’habiller des vêtements neufs durant sa cérémonie de partage de biens.  En arrivant au tombeau où le propriétaire de la cérémonie repose, c’est seulement le gardien du tombeau qui peut l’ouvrir en présence de toute la famille, c’est pourquoi cette remise d’habit est assistée par bon nombre de personnes. Puis le garde-tombeau prend la parole.   Il s’adresse directement aux ancêtres. Il présente à eux tous les assistants et leur annonce la raison de leur présence, c’est-à-dire la cause du rassemblement de la matinée devant le tombeau.
    C’est lui qui ouvre la porte de ce tombeau car en tant que gardien, il est le détenteur de la clé. Quand la porte est ouverte, il enlève tous les habits qui sont déjà usés couvrant les dépouilles.              Après, l’aîné de la famille passe les habits neufs un par un au garde-tombe en énumérant le type et son destinataire. Celui-ci les pose sur les ossements, sans faire attention au point sur lequel il devrait les déposer précisément.
     C’est dans l’invocation de l’offrande d’habit que le garde-tombeau précisera leurs destinataires. Quand tout sera fini, il fermera la porte. C’est après cette fermeture de la porte que le garde-tombeau fait prononcer l’invocation de dépôt des vêtements : «R…, nous t’informons. Vos enfants sont venus ici pour t’offrir des vêtements que tu porteras pour assister au partage de tes biens.
Informes tous tes parents, ton grand-père, ta grand-mère, tous ceux qui reposent ici. Invite-les à t’accompagner pour assister à ton rite festif de partage de biens qui aura lieu le samedi prochain.
    Certes, avant de donner son partage de biens et même la remise de ces habits, il faut que ce défunt soit déjà mis dans le tombeau de ses Ancêtres. Dans le cas de la personne qui meurt loin du groupe familial, il faut d’abord l’exhumer afin d’amener le défunt chez lui, c’est-à-dire, parmi ses parents défunts. Même si le défunt est posé auprès du tombeau de ses ascendants, tant qu’il n’est pas extrait du cercueil, on ne peut pas accomplir son partage de biens. On juge qu’il n’est pas encore entré dans le tombeau familial. Toutefois, les corps nouvellement déposés sont séparés des vieux ossements, un mur les sépare. Car selon leur tradition telle qu’elle est étudiée par MANGALAZA :
« On ne mélange pas non plus les cadavres (faty leñy) aux ossements « haraña »33.
Ce n’est qu’après deux ans, lorsque le cadavre est réduit en squelette, qu’on ramasse les ossements pour les déposer dans l’autre espace. Ce transfert d’ossements est aussi appelé exhumation, famadihana. Avant de faire le partage de biens avec un défunt, ce dernier doit être exhumé. Le rituel du dépôt de vêtements se fait une semaine avant le partage de biens pour le défunt pourvu que cela ne tombe pas un mardi ou un jeudi. Parmi les jours fastes, les organisateurs préfèrent le jour de vendredi et de samedi pour ce rite. Pour respecter la volonté des nos ancêtres, le dépôt des vêtements doivent se dérouler le levé de soleil. Cela que nos ancêtres disent « Masoandro miakatra ».Ce moment est le moment préférentiel de ces ancêtres.

            3-LA VEILLE DU JOUR ET E CŒUR DE LA CEREMONIE
      Ce jour est le cœur  de la cérémonie. Tous les comités se préparent avec les taches qu’ils ont confiées et partagées.  Dès l’aube de la veille du jour de la cérémonie, les villageois se lèvent tôt. C’est le moment où les membres de la famille organisatrices de ce rituel festif de partage de biens pour le défunt commencent à assumer les tâches et les responsabilités qui leurs sont attribuées. La préparation de la cérémonie, c’est le moment durant lequel se manifeste la solidarité, non seulement au niveau de la parenté mais aussi au niveau de toute la communauté villageoise. Même si tous les membres de la famille organisatrice se rendent au tombeau pour le rite du dépôt de vêtements, quelques-uns des membres de la grande famille et celle par alliance restent au village. Ils commencent les travaux, comme par exemple le nettoyage du lieu sacrificiel, la construction des cabanes d’accueil, la recherche du bois de cuisine, et autres activités de préparation. La première chose à faire c’est de nettoyer le lieu où va se tenir la cérémonie. On compte parfois une période d’un ou deux ans depuis le dernier rituel festif. Ainsi, la place devient-elle broussailleuse, d’où le besoin de défricher. On appelle le lieu où se déroule le rituel festif « fisoroñaña », lieu de sacrifice. La place varie selon le type de sacrifice.
      Quand le lieu est bien nettoyé, les jeunes se divisent en deux groupes. Le premier s’engage pour la construction de deux cabanes d’accueil. La plus grande est réservée à abriter les invités en cas de pluie. L’autre, plus petite, va servir aux cuisiniers de lieu de conservation des repas cuits. Elles sont construites en bois avec la toiture des feuilles de ravenala (arbre du voyageur). On appelle ces cabanes de fortune des «trañolava », littéralement « Maison longue».
     En réalité, elles ont une forme rectangulaire avec la longueur d’environ trois fois plus la largeur qui mesure en moyenne trois mètres. Le deuxième groupe se charge de la collecte de bois de cuisine et en grande quantité pour assurer la cuisine communautaire. Parce que les cuisiniers de rituel festif les utilisent non seulement pour préparer le repas mais aussi pour des feux d’éclairage durant la veillée festive sur la place sacrificielle.
     Durant tous les travaux préparatif, une personne mature accompagne les jeunes.
Elle leur montre ce que l’on doit faire. En outre, avant de commencer le travail, il faut d’abord prononcer un bref rituel suivi du versement de quelques gouttes de rhum et de miel sur l’autel sacrificiel conçu pour annoncer aux ancêtres ce qu’on veut faire et de demander leur protection ne serait-ce que pour éviter la survenue du malheur. Il revient à la personne mature du groupe de réaliser ce rituel.
Le fait de construire ces cabanes ce jour là annonce la veillée festive, comme
l’affirmaient nos informateurs. Dans le cas où une veillée ne serait pas organisée, on ne construit les cabanes que tôt le matin du jour de la cérémonie. Durant les pauses et à la fin des travaux, l’organisateur offre, en signe de remerciement, aux jeunes travailleurs quelques bouteilles de bière artisanale « betsabetsa » ou carrément du rhum. Ici c’est toujours l’aîné qui va remercier les jeunes. « Le betsabetsa » est une boisson traditionnelle ancestrales Malgache. Il est le résultat de la fermentation de canne à sucre en mélangeant avec ‘’hodikazo’’ce qu’on appel « Bilahy » ou avec des rhuL’après-midi du vendredi de la date donné, on transporte tous les matériaux nécessaires vers le lieu du sacrifice, « toby » : des grandes marmites, des sacs de riz, des dames-jeannes de bière artisanale, etc.
Plus tard, les jeunes gens poussent le zébu à sacrifier sur la place sacrificielle. Les chants commencent à être diffusés de partout. Ils attachent le zébu dans le côté ouest de l’autel sacrificiel. Le « tsimandrimandry » signifie « on ne dort pas »; c’est la veillée festive.
« Le vendredi soir, par exemple, c’est l’ouverture de la fête par des jeux et danses avec consommation de toaka ou « betsabetsa. »
       A la tombée de la nuit, les villageois affluent pour assister à la veillée festive. C’est déjà le maître de la cérémonie qui se charge d’accueillir les arrivants.
         Une cuisine collective est préparée et le plat d’accompagnement (bouillons) de ce dîner dépend des moyens de l’organisateur. Il peut préparer un zébu pour servir les assistants. Ce zébu est tué sans aucune formalité rituelle; c’est juste pour nourrir les invités durant la veillée festive. Les ancêtres n’ont pas encore le droit d’exiger leur part de ce zébu. Sinon, les assistants se résignent à manger les plats du riz avec du potage de brides. Vers huit heures du soir, après ce repas collectif, la fête commence. La veillée a été déjà annoncée lors de la tournée d’invitations.  La cérémonie commence dès la veille au soir dans une ambiance de fête, sur le lieu de sacrifice. Les jeunes dansent et chantent toute la nuit.
      La majorité des assistants à cette veillée festive sont presque des jeunes, puisque c’est une occasion pour trouver leurs partenaires. Ils chantent à haute voix avec des battements des mains. Ici, il s’agit surtout de chants et danses traditionnels. Le type de danse la plus appréciée est le « toto-dia ». Elle se fait en partenaire mixte, côte à côte et en rang serré. Chaque couple bat avec leurs pieds des planches circulaires appelées« satrahaña » posée sur des trous. C’est une sorte de batterie traditionnelle, « bingy » en dialecte local. Les autres chantent et applaudissent en les encourageant. Parmi les chants, nous pouvons entendre les poétiques dialogiques « jijy » ou monologiques « tôkatôka ».
      Animés par les souvenirs du passé, des vieillards viennent se joindre aux jeunes pour leur montrer comment se dansent réellement les poétiques. Là, les vieux se montrent plus compétents comme lançant un défi aux jeunes gens, en attirant les jeunes femmes vers eux. Actuellement, le traditionnel est alterné avec de la musique moderne. Durant toute la nuit, les serveurs de boissons ne cessent pas de faire le tour pour chauffer l’ambiance. Cette veille de festif doit être suivis par des différentes animations ainsi que des jeux pour éviter le sommeil tels que les dominos, des danses traditionnelles comme «  dihy satrahagna », « le rombo » (clappement des mains suivis par des « Jijy »). Cette occasion événementielle est marquée par des diverses manifestations culturelles par l’assistant et la famille directe de  descendant de défunt.

Cette photo illustre l’ambiance de  chant accompagné de danse traditionnelle, de ce rituel festif du partage de biens du défunt.

           Cette danse traditionnelle manifeste la richesse culturelle typiquement Malgache

        Même que les assistants font des ambiances maximales, ils n’oublient jamais ses restes de responsabilités. Après quelques heures de veille de cette dernière, tout le monde vient voir le zébu attaché en deux séquences, à savoir, vers minuit et aux premiers chants de coq. Voici ce qu’affirme Pascal LAHADY à ce propos :
« A minuit, on rend visite au zébu et l’on exécute des chants et de la tauromachie avec consommation de toaka. Puis l’on revient. Au chant du coq, on s’en va de nouveau voir le zébu et l’on organise une partie de tauromachie avec chants et consommation de toaka. Ce sont les jeunes gens surtout qui se chargent de cette espèce de veillée festive. » Lors de cette visite, les jeunes garçons excitent le zébu en le rendant nerveux et les autres chantent de plus en plus fort pour encourager leurs amis. De plus, ils sont presque en état d’ébriété, c’est ainsi qu’ils ont la hardiesse d’approcher le zébu. Dans un autre rituel festif, comme par exemple la réalisation de promesse à cause d’un vœu exaucé, le tsikafara, ils montent sur le zébu à sacrifier en simulant la tauromachie. Dans le cas de partage de biens pour le défunt, la simulation de la tauromachie est rare parce que la famille organisatrice est encore dans la tristesse. C’est justement pour dissiper cette tristesse que les jeunes s’ébattent. Certaines personnes disent qu’il est interdit de simuler la tauromachie sur le zébu destiné au sacrifice pour le partage de biens. La cause de cette visite au zébu c’est de vérifier s’il est devenu anormal, c’est-à-dire peut être un de ses pieds est coupé à force de son mouvement pour se détacher. C’est la raison pour laquelle les jeunes, pendant la visite de l’animal, pratiquent la tauromachie pour vérifier si le zébu est encore en pleine forme. Or il doit être sans défaut avant le rite de l’offrande au défunt sinon l’organisateur est tenu de le remplacer.
       Selon nos informateurs, il se passait déjà un remplacement de zébu à sacrifier à l’occasion d’une cérémonie. En effet durant la veillée, l’animal est surexcité et se bat pour se détacher. Cela entraîne parfois sa blessure, la coupure de ses pieds ou même sa mort.
Aussi peut-il se détacher de la corde pour s’enfuir. Dans ce cas, il est mieux de s’en rendre compte durant la nuit plutôt qu’au matin du jour du rituel festif. D’ailleurs, la cérémonie doit se dérouler au jour désigné et ne peut être reporté en aucun cas.
Après la deuxième visite au zébu, la préparation pour la cuisine collective commence tel qu’il est mentionné par RAZAFINDRAJOBY dans son livre intitulé Le « Rasa Hariana » et ses présupposés philosophiques-Toliara, 2000 ».113
 « Dès qu’il fait jour, les jeunes commencent à faire cuire le riz avec lequel sera accommodée la viande du sacrifice. »37
Et plus loin, il ajoute que : « De nos jours, cette veillée festive se déroule dans le village même et, plus précisément dans la cour des enfants du défunt. »38
Dans le cas du rituel sans veillée festive, ce n’est que tôt le matin du jour de la cérémonie que les jeunes se rendent au campement de sacrifice en poussant le zébu à sacrifier. « » Vers quatre heures du matin, les jeunes s’acheminent vers le« toby », place située à l’entrée du cimetière. Ils amènent avec eux le zébu à offrir, le sac de riz, les ustensiles de cuisine et les dames jeannes de « betsa ».











                                   4- LES INVOCATIONS SACRÉES
        L’accueil des invités a commencé depuis la nuit de la veillée et continue jusqu’au lendemain du jour de la cérémonie. L’aîné de la famille organisatrice se charge de la réception de tous les invités. Celui qui est chargé d’accueillir les invités est appelé « mpiventy kabaro » ou « mpañotany kabaro », c’est-à-dire celui qui connaît les formules de salutation selon la coutume.
      De plus, les collectes des aides et des offrandes ont aussi commencé depuis la nuit de veillée. Le réceptionniste est toujours accompagné d’une personne enregistrant dans un cahier, le nom du donneur et le montant (la nature de sa participation) en faisant bien attention de distinguer les aides et les offrandes. Le matin du jour de fête rituelle, tout le monde se rend à l’intérieur de l’espace campement où aura lieu le sacrifice proprement dit.
Pascal LAHADY même affirme que : « Le lendemain, samedi, après le petit déjeuner, c’est la collecte des participations financières, sôroñafo : les gens rendent visite à l’organisateurs du tsaboraha et lui offrent de l’argent ou équivalent en nature, généralement par délégations successives. »40 Pour le cas du rituel festif sans veillée, presque toutes les activités rituelles commencent le matin du jour même de la fête.

          A- LE RITE DU BATTEMENT SUR LE ZEBU, « VELY AOMBY »

      Le samedi, c’est le grand jour destiné pour procéder à l’offrande du zébu destiné à être sacrifié pour le défunt. Le matin, lorsque tous les invités arrivent dans le campement, les jeunes couchent le zébu. Ils attachent ses quatre pattes.
« Le zébu amené depuis la veillée festive est conduit à l’endroit du sacrifice, il est traité avec respect, les jeunes n’ont pas le droit de monter dessus, ni de l’exciter. »41
Quand le zébu est couché, ses quatre pattes attachées ensemble, les jeunes le tirent devant l’autel sacrificiel (voir photo 2, page 36). FANONY le décrit ainsi :
« Arrivé à l’endroit précis, l’animal est allongé sur le sol avec des pattes liées et de tête tournée vers l’est. »42
Ce qui est précisé par LAHADY :
« La partie droite de ce zébu est toujours dessus [...], on le couche sur le côté droit à l’ouest du fisokiña ou de la stèle, la tête tournée vers l’est. »43 Et confirmé par un de nos informateurs :
« Ny aomby hijoroaña dia tsy maintsy mandry havanana, ny
haviany ambany ». « Le zébu à sacrifier doit être couché le flanc droit dessus et le flanc gauche dessous. »44 La signification de cette position est, en général, c’est par leur côté droit que les animaux et même les hommes, manifestent leurs forces. Donc, il faut montrer le zébu à offrir aux assistants et aux ancêtres par son côté droit afin qu’ils constatent que la bête est bien normale, sans défaut comme le déclarent l’officiant : « Voici le zébu, il n’est pas encore fracturé, il n’est pas aveugle.»45 Vers neuf heures, c’est l’ouverture solennelle du rituel festif. Un représentant du lignage inaugure la série de discours comme le décrit LAHADY :
« Il annonce le motif du rassemblement : [...]. C’est toute l’importance du discours d’annonce ou « partage de la parole », si bien nommé, comme parole, la réalité humaine et religieuse, à laquelle la communauté est conviée à participer ».46








                                                Abattage du zébu


                              Le zébu couché avant d’entamer l’invocation sacrée.

                                           Offre de boissons alcooliques


            
                            

                          Le premier partage de la parole et offrande d’alcools


         Pour commencer, Il explique clairement d’abord la raison de la cérémonie qu’est le partage de biens pour le défunt. Il prononce le nom du défunt destinataire du sacrifice en rappelant l’histoire de vie de celui-ci. Il présente aussi la famille qui a fourni le zébu à offrir, ainsi que tous les membres de la famille. Ensuite, il montre le zébu en exhibant le ticket et l’autorisation officielle d’abattage. Pour que les assistants soient rassurés que le zébu appartienne vraiment à l’organisateur, le porte-parole leur demande s’il y a dans la foule une personne pouvant le démentir et que celle-ci se montre devant tout le monde. Voici comment MAZY Albert rapporte ce discours en nous écrivant un extrait :
« Voilà ce zébu, il n’est pas encore tué, que son propriétaire s’il existe se montre, il n’est pas encore tué. S’il appartient à quelqu’un dites-le, ainsi évitera-t-on le désordre après la cérémonie.»47
        Enfin, pour terminer ce discours, le porte-parole prononce la clôture, le « rasa vôlan-toaka », un discours de l’offrande d’alcool. Les premières dames-jeannes de bière artisanale doivent êtres sorties. Le zébu est couché et la cérémonie commence.
En général, trois discours sont prononcés durant la cérémonie au campement. Le premier, en début de la matinée ; le deuxième, après l’immolation de l’animal. On appelle ce deuxième discours : discours d’attente du repas, c’est-à-dire on demande aux assistants d’avoir un peu de patience pour attendre le repas. Enfin, le troisième discours est prononcé après le repas collectif. C’est le discours de remerciement final dans le campement, « fafa lapa », littéralement « nettoyage du palais ».
      C’est toujours l’aîné représentant de la famille qui tient tous ces discours (souvent c’est celui qui succèdera l’officiant en exercice).
   Pour chaque discours, deux vieux hommes se tiennent aux côtés du porte-parole. Ils sont tous compétents pour faire ces discours et dans le cas où l’orateur a un trou, butant sur des expressions spécifiques, ce sont eux qui vont le lui rappeler. Voici un extrait de discours d’ouverture prononcé par TSILANIZARA juillet 2010 : « [...]. Notre père mourut. Il vivait sur cette terre durant disons plusieurs années, une centaine d’années. Aujourd’hui, ce jour ci, nous ferons le partage de biens destinés à notre défunt père. [...].
      Tout le monde connaissait notre père surtout dans cette sous-préfecture de Sambava. C’est la raison pour laquelle que voici ce zébu. Il n’est pas un zébu qui est né dans notre parc mais nous l’avons acheté avec notre argent. [...]. Par exemple, s’il y a un doute, venez chez nous pour le vérifier et regarder la couleur de la robe de ce zébu et voici le papier attestant que nous avons acheté le zébu ! [...]. Deuxième et troisième, il y à un proverbe qui dit: les cornes de zébu sont au nombre de deux. Le mot possède aussi son double. [...]. Une dame-jeanne d’alcool ne peut pas être consommée sans discours ».
      Comme d’habitude, selon la coutume, il faut qu’il y ait quelqu’un qui réponde au discours prononcé par le porte-parole. Ainsi, un représentant des assistants va procéder à la réplique.
    A son tour, il va commencer son discours par un résumé de ce qui vient d’être dit en y ajoutant ses réflexions personnelles. En général, lorsque son résumé se termine, il affirme que le discours prononcé par le porte-parole du lignage est bien compris par tous les assistants. Il est à signaler que depuis le vendredi matin, lors du nettoyage du campement sacrificiel, on a déjà déposé du verre de rhum, du miel et du tabac sur l’autel sacrificiel. Ce qui signifie que depuis ce moment-là, les ancêtres sont déjà présents. Le samedi matin, le jour de la cérémonie, après le premier discours du porte-parole et avant la distribution de rhum aux assistants, on dépose encore des verres de boisson alcoolique, du tabac et du miel en remplacement de ce qui a été déposé la veille. Les villageois croient que les ancêtres les ont déjà gouttés. Après chaque discours, avant que les assistants consomment du rhum, on remplace toujours les verres déposés sur l’autel.


                 B- LE RITE DE LA TENUE DE LA QUEUE DU ZEBU
           Après le discours d’ouverture, l’organisateur procède à l’offrande du zébu destiné au défunt. Ici commence le rite de la tenue de la queue du zébu. Toute la famille organisatrice prend place derrière et à l’ouest de l’autel, derrière l’animal à sacrifier. Les autres assistants s’assoient derrière eux. Pascal LAHADY confirme cela en disant : « Le maître de la fête et sa famille prennent place derrière le zébu, là, devant la communauté, tous se tournent en direction de l’est. »49
Tous les descendants de l’ancêtre jouissant du sacrifice : ses enfants, ses petits enfants et ses arrières petits-enfants tiennent la queue du zébu. Pour ceux qui sont un peu loin, ils prennent les poils de cette queue et restent sur place, seulement ceux qui sont proches qui la tiennent directement.

                    La photo qui illustre la tenue de la queue de zébu


                       La tenue de la queue, l’offrande du zébu au défunt

         Durant la tenue de la queue de l’animal, le frère aîné des descendants offre le zébu à leur défunt père. Une sagesse betsimisaraka dit : « Manan-joky afakolan’entana, mananjandry afakolan-teny », « Celui qui a l’aîné est déchargé de la parole, celui qui a le cadet est déchargé des bagages». Ainsi, ici, le frère aîné a-t-il le devoir de transmettre tout le message émanant des enfants du défunt. Il explique la raison de l’existence du zébu couché sur terre. Pendant l’offrande du zébu, les enfants et le défunt en question se réconcilient symboliquement. Dans cette perspective, Fulgence FANONY écrit:
« Je te parle ô zébu, (mañôzona anao aomby tô). La raison en est la mort de notre père que nous aimions tant et qui nous a quitté malgré nous, notre père qui maintenant repose parmi les ancêtres. »50
Puis, il continue son discours en s’adressant à son défunt père. Il lui demande d’excuser pour le retard du rituel festif.




       Voici un extrait de discours d’offrande du zébu pendant la tenue de la queue, discours enregistré lors de nos enquêtes sur terrain: « Si nous n’avons pas accompli jusqu’à présent ton partage de biens ce n’est pas parce que tu es oublié ou nous ne voulons pas l’assumer. Ne rends pas le zébu nerveux à cause de cela, qu’il dorme paisiblement ; ne rends pas malades les enfants ; ne nous rends pas malades. Nous sommes venus aujourd’hui pour offrir ta part de biens, nous tes enfants, tes petits-enfants et tes arrières petits-enfants. Voilà ta part, ne nous apparais pas dans nos rêves pour demander encore ta part.
 Dors en paix ! « Toi zébu, il faut que tu dorme bien. Nous sommes ici pour invoquer notre père et te lui offrir. Couches-toi bien !
Dans le cas où les enfants du défunt en question seraient encore mineurs, c’est l’un des frères du défunt ou l’officiant qui offre le zébu. Il explique pourquoi ces enfants ne peuvent pas eux-mêmes dire cette offrande de zébu et que c’est lui qui les représente pour transmettre tout ce que ces enfants voudraient dire à leur défunt père.  

                C- L’INVOCATION SACREE DU ZEBU VIVANT

       Après l’offrande du zébu ou la tenue de la queue de l’animal, l’officiant avance, accompagné de quelques notables. Il va assumer le « jôro aômby veloño », «l’invocation sacrée au zébu vivant » ou « coups sur le zébu ». Le mot « jôro » est un terme très employé par les Betsimisaraka pour désigner toutes formes de prières traditionnelles. C’est par le jôro que nous nous communiquons à nos ancêtres. Dans cette perspective, Pascal
LAHADY définit ce terme jôro dans le sens suivant : «Nous le traduisons par invocations sacrées », surtout parce que la forme essentielle de ce rituel [...] est l’appel, l’invocation, ce qui exprime en même temps le sens général du verbe
« mijôro », prier, souhaiter, tant qu’il est vrai que le fond de toute prière, c’est « l’appel.» »54
C’est l’officiant qui va appeler tous les ancêtres, proches ou lointains, à venir assister et valider ce partage de biens. Avant qu’il commence son invocation, un jeune garçon lance d’abord deux cris forts pour avertir tous les êtres invisibles. Le silence règne dans le campement. Puis l’officiant entame l’invocation sacrée par cette introduction :
« Descendez, descendez, toi Dieu, Dieu d’en haut, Dieu d’ici  d’en bas.

                                             Invocation sacrée
                          L’invocation du zébu à sacrifier avant l’abatage de l’animal
          Malgré que le Malgache pratique des cultes ancestraux, il place le Dieu créateur à la première classe de sa vie. A chaque fois qu’il fait un grand événement dans leur vie quotidienne, il doit appeler le Dieu Créateur car il croit que Ce Dernier est la source de leur vie. Les Betsimisaraka croient en un seul Dieu créateur régnant sur tous ce que les hommes considèrent comme « Êtres supérieurs et invisibles » et sur les « Êtres inférieurs et visibles » sur terre. C’est ce que l’officiant appelle ici le « Dieu d’en haut», parce que sa place n’est pas ici sur cette terre, il est toujours en haut. En plus, ils croient également à l’existence des ancêtres qui sont devenus divinités.
         En continuant son discours, l’officiant appelle tous les ancêtres du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Il commence ses appels par ceux qui sont enterrés dans le tombeau familial où le défunt destinataire de ce partage de biens est enterré. Il prononce d’abord le nom du tombeau. Puis il appelle les ancêtres morts, ceux dont il se souvient.
Chaque fois, quant l’officiant a terminé l’appel des noms des ancêtres qui reposent dans le tombeau, avant de passer à un autre tombeau, il s’excuse auprès des ancêtres dont les noms ont été omis et leur demande de venir assister à l’offrande de zébu.
          Voici un extrait d’une invocation sacrée lors d’un partage de biens du défunt de MAKAMPA, notre grand père, à Maevatanana par son Frère ainé MAZY Albert en 2010 à une place appelée Andrasahariagna. Ce lieu est situé à dizaine de kilomètre du village où le défunt habitait.
« Vous avez bien entendu là-bas et surtout ici Andrasahariagna, la place où nous donnerons sa part de biens. Il n’y a aucune exception, ni ségrégation. Voici le zébu que nous offrons à MAKAMPA. Nous vous appelons pour être témoins, à l’offrande du zébu à MAKAMPA. Voici le zébu donné par ses fils et ses descendants, ses pattes postérieures et antérieures sont complètes. Nous allons offrir le zébu à MAKAMPA, comme il a laissé des milliers de leurs biens lors de son passage sur cette terre. Après l’invocation, nous attendons le repas. Quand il est immolé, nous le mangeons. La robe du zébu appartient à MAKAMPA.
Le repas, nous le mangerons ensemble après quelques instants.  Ainsi après la liste des ancêtres du même tombeau, l’officiant affirme:
« Aujourd’hui, nous offrons le partage de biens pour le défunt MAKAMPA.
Voici le zébu que nous lui donnons. Venez assister cette offrande de zébu. Sa robe lui appartient mais le repas, il est à vous tous, vous le mangez ensemble. Que le bénéficiaire en soit heureux et que les donateurs s’en portent à merveille.
A chaque nom du tombeau des ancêtres prononcé, le prêtre frappe un coup sur l’échine du zébu, il le frappe avec sa canne sacrée. Pour appeler les ancêtres dans un autre tombeau, voici la phrase de transition souvent utilisée par l’officiant :
« Vous avez entendu là-bas ? Je fais cet appelle sans distinction, sans discrimination. Il prononce le nom de cet autre tombeau et appelle quelques noms des ancêtres qu’il connaisse. En général, l’appel commence par les ancêtres proches du défunt bénéficiaire et se continue jusqu’aux ancêtres qui n’appartiennent pas à l’ethnie. Quand toutes les invocations sacrées se terminent, avant de clôturer le discours, l’officiant s’excuse pour tous les noms des ancêtres qui ne sont pas prononcés :
«Ceux qui n’ont pas entendus ou leurs noms ne sont pas appelés, venez assister le partage de biens du défunt MAKAMPA, votre entourage. Votre présence lui donne une grande joie et du courage.
Telle est la raison pour laquelle nous sommes regroupés ici sur le campement. N’hésitez pas car vous serez les biens accueillis.
Durant toutes les prières, l’animal est resté d’un calme impressionnant, signe que la prière est contentée. Par contre, si l’animal s’énerve, sa tête bouge de tous les côtés durant l’invocation sacrée, cela signifie que les ancêtres voulaient réclamer quelque chose concernant ce rituel festif et que l’organisateur en devra rendre conscient.
          Par exemple, durant les invocations sacrées faites par MAZY Albert, Sojabe et l’ainé de ce dernier, dans le partage de biens du défunt de MAKAMPA, le zébu offert ne restait pas dans le calme. Ainsi, c’est vers la fin de l’invocation sacrée qu’un membre du lignage fut conscient de la cause de cette nervosité de l’animal. Ce qui signifie que l’une des filles du défunt de MAKAMPA est absente dans ce rituel festif. Elle n’est pas venue car il existe un petit conflit entre eux, c’est-à-dire entre les fils du défunt. Quand l’officiant s’excusait à ce dernier en lui expliquant la cause de l’absence de sa fille, le zébu se couchait bien jusqu’à ce que l’invocation se termine. Voici cette excuse que l’officiant a dite :
« Couches-toi tranquillement, ne bouge pas ; cela est coutume. Odette, la cadette de ce défunt, si elle n’est pas présente ici, ce n’est pas à cause de nous.
Nous ne l’avons pas menacée. Excusez-nous, notre père, car j’ai oublié de t’expliquer. Si cela est la cause de la nervosité du zébu, il faut qu’il reste bien tranquille. Nous n’excluons pas cette fille.
          Quand l’invocation sacrée est terminée, tout le monde s’éloigne un peu du lieu pour que les jeunes abattent le zébu.

         D-LE RITE D’INVOCATION A LA CUISSON, « JORO HANIÑY MASAKA »

           La découpe du zébu de sacrifice est différente de celui de la viande aux abattoirs publics. Il doit être fait selon la coutume ancestrale. En d’autres termes, des parties de la viande doivent être prélevées et classées : la tête encornée (lôhaomby), le portail tors au nombre pair (tritrahoatrany), la culotte (vodihenany), les bons morceaux de la viande pour le repas sacrificiel (hanin-tsôrontsôroño), les tranches de la viande pour les participations financières (didin-kena) et les restes sont coupés pour préparer le repas communautaire. Ces parties doivent être triées. Après l’égorgement de l’animal, sa tête est enlevée et placée à l’Est devant le poteau sacrificiel. Après avoir enlevé le bucrane, le front encorné, pour être accroché sur le poteau sacrificiel appelé fisôkina ; le reste de cette tête est réservée pour servir de repas pour le lendemain (dimanche). 

                          La photo de rite d’invocation à la cuisson


                       
                         Voici une tête de zébu qui vient juste sacrifié
           Puis, un membre de la famille spécialiste tranche ce poitrail tors au nombre pair de côte appelé « tritrahoatrany » (en forme d’un cercle). Il est réservé à l’officiant, c’est-à-dire quand la cérémonie sera finie, il l’emporte chez lui. Cette tête du zébu couronnée de ce poitrail tors est posée sur le pied et à l’Est du poteau sacrificiel durant toute la cérémonie.
La culotte, la partie postérieure du zébu, doit aussi être classée. Elle est la seule partie de la viande que la famille organisatrice se distribuera après la cérémonie. Les morceaux de viande pour le repas sacrificiel doivent être triés par un spécialiste. Ces parties sont : la bosse, la langue, le foie, l’intestin grêle, le filet, les rognons. Elles seront préparées et cuites à part pour être offertes sur l’autel. Ils sont tous triés du côté droit de l’animal. Les cuisiniers les font cuire dans une seule et même marmite. Quand ces morceaux sont préparés, le bouillon s’appelle « Rôntsôrontsôroño».
         Ensuite, il faut laisser quelques parties en vue de l’extraction des morceaux destinés aux invités qui ont participé financièrement. Ce sont les « sôroñ’afo ». D’ailleurs tous les invités qui ont versé la participation financière, comme nous l’avons déjà dit, devront recevoir des morceaux de viande. Enfin, tous les restes sont hachés et cuits dans de grosses marmites en prévoyance du bouillon des assistantes.
Durant le dépeçage du zébu, la consommation des boissons continue. Quand tout est fini, c’est-à-dire toute la viande de ce zébu est déjà tranchée selon la division de façon rituelle, le porte-parole se lève pour annoncer le deuxième discours du partage de la parole. C’est un discours qui demande aux assistants de témoigner de la patience d’attendre le repas que d’ores et déjà les cuisiniers sont en train de préparer. Le discours doit être toujours accompagné d’offrande de boisson. D’une manière générale, selon la coutume betsimisaraka voire la coutume malgache, les boissons ne seront pas consommées sans discours.
          L’attente du repas s’avère une période plus longue dans cette cérémonie. Cependant, les chants, la danse folklorique, le jijy (poésie chantée), alternés de musique moderne, sont entendus partout dans le campement. De l’autre coté, les vieillards entre eux, abordent des sujets de discussion. Les enfants s’amusent autour du lieu. La distribution de vin de canne à sucre par des responsables se poursuit entre chaque tête des invités. Les distributeurs utilisent leur rhétorique pour que tout le monde (sauf les enfants) prenne le cornet de ravenala appelé sôro-dravina pour boire ces boissons.
Quand le dépeçage de la viande pour les tranches de la participation financière appelée « safindrin-kena » ou « didin-kena » est prêt, le secrétaire consulte son cahier et appelle les noms de ceux qui ont contribué à la participation. Il signale le nombre de tranche de la viande qui leur revient. Les jeunes, affectés à cette fonction, les apportent à leurs destinataires respectifs. Après avoir lu tous les noms inscrits, le secrétaire annonce encore, en parlant à haute voix, que ceux qui n’ont pas reçu leur part, il faut qu’ils viennent nous réclamer.
Parallèlement à la distribution de ces tranches de viande, les femmes préparent les lambaña61 et les sôroko62 avec des jeunes feuilles de ravenala appelées en dialecte local ravim-bao ou vilôlon-dravina. Tout le repas sera servi sur et avec ces feuilles de ravenala. Maintenant, comme nous vivons dans le monde moderne, d’après notre enquête et notre présence lors de ce rite, on peut utiliser des cuillères au lieu d’utiliser de Ravenala car la culture développe selon le temps que nous vivons.








              E-LE REPAS SUR L’AUTEL, « LOKAM-BATO »
            Avant le repas des assistants, les cuisiniers préparent d’abord celui de Dieu et des ancêtres. Quand les morceaux de qualité pour le repas des ancêtres sont bien cuits, on  procède à l’invocation au repas cuit, jôro hani-masaka, sur l’autel sacrificiel.  A ce propos, Pascal  LAHADY l’appelle « jôro sur le cuit ou offrande sacrificielle ». On met du riz cuit sur l’autel sacrificiel appelé lokam-bato et on place aux bords et autour du repas ces morceaux de qualité de viande. Il est à signaler que ces derniers sont pris du côté droit du zébu. C’est la même chose pour la nappe en feuille de ravenala sur laquelle se sert le repas des ancêtres ; elle est aussi prise dans le côté droit du ravenala. On l’appelle havanan-dravina.
Alors que, dans l’usage ordinaire, comme d’habitude, on utilise le côté droit pour préparer le sôroko, « la cuillère en ravenala », parce qu’il est un peu rigide par rapport à son côté gauche.         Ce dernier est utilisé pour servir le repas, et c’est avec la partie gauche qu’on sert le repas collectif.
Voici un exemplaire d’autel lors de partage de bien à Maevatanana

                           Le repas prêt sur l’autel pour être offert aux ancêtres

          Quand le repas sur l’autel est prêt, l’officiant s’approche de l’autel pour la deuxième invocation sacrée qui s’appelle « jôro hani-masaka », l’invocation après cuisson. Il se lève avec deux personnes âgées. Pareillement au cas de l’offrande du zébu, l’officiant invoque encore le Dieu et les ancêtres pour venir manger les repas cuits. Mais, cela ne du repas longtemps, c’est-à-dire il ne cite pas tous les noms de tombeaux et des ancêtres. Il fait une invocation globale. Etant donné que dans l’invocation de l’offrande du zébu au défunt, il a déjà demandé aux ancêtres d’attendre le repas et de rester jusqu’à la fin de la cérémonie. C’est pourquoi que l’officiant ici ne fait que les inviter à manger le repas prêt sur l’autel. Cette dernière invocation est souvent assistée par les notables seulement.


         Cela est confirmé par cette citation de Pascal LAHADY:
« Souvent, très peu de gens vont à la nappe de pierre où l’on a déposé l’offrande mais au moment de l’invocation sacrée, tout le monde garde le silence. »63
Comme d’habitude, l’officiant, comme lors de l’offrande du zébu, après avoir ôté son chapeau, lance encore des appels de Dieu et des ancêtres:
« Nous vous invoquons Dieu d’en haut, Dieu d’en bas, vous les ancêtres. »64
       
          Voici quelques vers d’une invocation après cuisson prononcé par
MAZY Albert, lors du partage de biens du défunt MAKAMPA :
« Vous avez entendu, vous ceux d’Anjia, surtout vous, ceux d’Antsahamaigny, ceux d’Analaravina, sans discrimination.
Ce repas sur la nappe n’est pas pour une seule personne. Voici le repas préparé. Je vous invite à venir manger. [...]. Le zébu appartient à MAKAMPA mais le repas préparé, le repas sur la nappe appartient à tout le monde. Vous avez tous entendu. Il n’y a pas d’exception, il n’y a pas de discrimination. D’après ce que j’ai dit tout à l’heure, lorsque je frappais sur le zébu, comme nous, veuillez attendre le repas. Nous ne pourrons pas citer tous les noms des tombeaux. Alors, mangez tous ! [...]. Après avoir mangé, retournez chez vous. Alors voici ce repas ! Là-haut, la terre au dessus du ciel, en haut, au Sud, à l’Ouest, au Nord; aussi bien à l’Est, au milieu de la terre; ceux qui sont appelés ou ceux qui ne sont pas appelés. Venez manger le repas préparé.

                            F-LE REPAS COLLECTIF
          Durant l’offrande du repas sur l’autel, les cuisiniers commencent à préparer le repas collectif. Ils font venir tous les assistants pour s’asseoir les uns à côté des autres de manière à former de longues lignes facilitant les activités des serveurs. Tous les riz cuits sont déjà enveloppés dans des feuilles de ravenala depuis le matin. Une enveloppe de riz cuit suffit pour quatre personnes.  En général, les rangées du repas sont au nombre de quatre et elles se divisent en deux classes : il y a des rangées de notables appelées lambaña lohan-driaña où sont assis les personnes âgées du même village, les fonctionnaires de l’Etat et quelques têtes des invités et des rangées pour la masse populaire appelées lambaña sarambabe.
Correspondant à ces deux classes des rangées, les serveurs se divisent aussi en deux, certains servent le repas des notables et d’autres s’occupent de la masse. Les jeunes filles cuisinières distribuent les enveloppes du riz cuit. On les appelle foñaosam-bary masaka.
      Tandis que les jeunes garçons en apportant la grande soubique, viennent distribuer les morceaux de la viande cuite et le bouillon. Le bouillon est mis dans le lepolepo. Pour faire la distribution de la viande cuite appelée andrasa, ils donnent d’abord à chacun deux morceaux. S’il en reste encore, ils reviennent pour ajouter un ou deux morceaux jusqu’à ce que tous les morceaux soient épuisés. Pour ce qui est de l’emplacement rituel, les rangées des notables se trouvent auprès et à l’Ouest de l’autel. Derrière eux s’arrangent les rangées des assistants. Selon l’usage betsimisaraka, les enfants ne prennent jamais le repas avant leurs parents, ici ce sont les notables qui, en tant que parents, mangent les premiers. Avant cela, il faut qu’il y ait quelqu’un de la famille organisatrice qui parle à haute voix en disant : « Prenez la cuillère et que chacun mange ! ». Aussitôt après, tout le monde prend le repas. Dans une cérémonie comme telle, tant que quelqu’un continue à manger, personne n’ose pas quitter ce lieu sur lequel elle s’est assise.  Après le repas collectif, l’officiant prend de l’eau, qu’il va la rependre en direction de l’autel sur le repas des ancêtres pour chasser ces derniers. Il affirme en même temps : « Le Dieu ne mange pas lentement, que ceux d’en haut, retournent en haut, ceux d’en bas retournent en bas. Les jeunes se précipitent pour prendre les bons morceaux de viande posés sur l’autel. D’après nos informations sur terrain, toutes les choses posées sur l’autel deviennent fades car les ancêtres s’emparent de leurs goûts.
                                G- LA CLOTURE DU RITE
         Quand le repas est terminé, même si les cuisiniers ont déjà mangé, les assistants attendent la clôture de la cérémonie dans le campement. Ils ne quittent pas ce lieu tant qu’il y a encore de rite à assumer. Le dernier rite à faire c’est l’accrochage du bucrane du zébu.

                          1 -LE RITE D’ACCROCHAGE DU BUCRANE
           Après avoir enlevé le bucrane du zébu offert, on va l’accrocher au poteau sacrificiel.
Il est porté par un jeune homme de la lignée féminine en faisant le tour de l’autel sept fois. A ce temps-là, tous les jeunes garçons font une ovation au bucrane. Il y a quelqu’un qui fait semblant de monter dessus de cet homme porteur du bucrane en le supposant comme un vrai zébu méchant. De l’autre côté, les autres jeunes gens chantent et crient en suivant derrière lui. C’est alors que s’engage une petite compétition entre les jeunes gens de la lignée féminine pour savoir qui arrivera à saisir le bucrane et monter l’accrocher au poteau sacrificiel. Durant la tauromachie, les jeunes garçons de la lignée masculine voulaient empêcher cet homme d’accrocher le bucrane du zébu. Alors leurs adversaires, les jeunes de la lignée féminine, résistent pour assumer leur tâche, c’est-à-dire apporter le bucrane jusqu’au bout accroché au-dessus du poteau sacrificiel. C’est ainsi que le porteur fait semblant d’être un zébu méchant pour faire peur à ses adversaires. Malgré cette petite compétition interlignage, quand les sept tours seront finis, les descendants masculins laisseront quand même les descendants féminins accrocher ce bucrane. C’est dans ce sens que Fulgence FANONY affirme:
« Dans les cérémonies de sacrifice du zébu, c’est le seul rôle qui appartient aux descendants de la lignée féminine, c’est pourquoi il s’y mettent tant d’ardeur. Celui qui arrive à accrocher le bucrane réclame alors de l’alcool à ceux de la lignée masculine. Il ne descendra du mât que lorsqu’il sera satisfait de ce qu’on lui apporte.


 Voici la photo de la cérémonie d’accrochage de bucrane à Andrasahariagna Maevatanana

      
                    L’accrochage du bucrane, marque l’hachement de la cérémonie
      Quand le bucrane de l’animal est accroché, on peut dire que la cérémonie rituelle dans le campement est finie. Pour bien terminer, le représentant de l’organisateur annonce le dernier partage de la parole. On appelle ce discours fafa lapa. Ce mot « fafa lapa » vient de deux mots, « fafana », qui signifie « nettoyer » ou balayer et « lapa » veut dire palais ou lieu. Son sens littéraire, c’est le « nettoyage du palais ». Donc il faut nettoyer le campement avant de rentrer. De plus, c’est la finition du rituel festif qui est l’objet de ce discours. Nous avons déjà mentionné que durant le rituel festif, il existe trois discours du partage de la parole qui doivent être prononcés.  Ici, le porte-parole remercie tous les assistants qui sont venus honorer la cérémonie et ont contribué pour la participation. Ce qui signifie que sans eux le rituel ne serait pas achevé. Puis, il cède la parole au secrétaire pour annoncer à tout le monde la somme totale des participations réunies. Il mentionne le nombre de gobelets de riz et le litre de boissons regroupées, ainsi que tout l’argent empoché. Enfin, le porte-parole termine son discours pour souhaiter la santé florissante de tout le monde. Voici sa dernière expression : « Avy nalaka ravin’aôdy masiñy, nahazo kè hôdy », littéralement : « on est venu cueillir des feuilles de remède sacrée, on les a bien cueillies au point de rentrer ». Telle est la conclusion générale du porte-parole. A partir d’aujourd’hui, le défunt a reçu sa part de richesses. Voilà le remède sacré que ces enfants ont cueilli, c’est l’achèvement de la cérémonie, et c’est grâce à nous les assistants, à vous les invités que le rituel festif est bien accompli. Que la famille organisatrice soit heureuse. Que Dieu et les ancêtres nous aident pour toutes nos activités.
Après le discours de partage de la parole, un représentant des invités, comme d’habitude, à son tour, prend la parole pour répondre à ce premier. Quand tous ces discours sont terminés, les jeunes servent les boissons. Le rituel festif est fini mais la fête va continuer au village. Tout le monde se prépare à quitter le campement et rentrer chez lui. Avant de partir, l’organisateur donne des morceaux de viande à chaque personne qui était engagée pour la préparation du repas, c’est une sorte de petite récompense.

                                 
    2- LE RETOUR AU VILLAGE
         Dans l’après midi, quand le rituel festif est accompli, les gens rentrent au village.
Les jeunes transportent encore une fois tous les bagages vers le village où habite la famille organisatrice de la cérémonie. Ce sont presque les familles de l’organisateur qui viennent continuer la fête dans le village. Les autres vont rentrer chez eux en emportant leur part de
viande crue appelés ankera. Tous les restes de la viande (cuites ou crues) sont emportés au
village. Le poitrail tors revient automatiquement à l’officiant.
En rentrant au village, en état d’ivresse, les gens crient (mikôro) et chantent fort. Ils sont tous contents car ils ont assumé leur devoir envers leurs Ancêtres. C’est ainsi comme
affirme Pascal LAHADY :
« Et la fête continue, la nuit, jusqu’à l’aube, par des chants et des danses de toutes sortes avec des services de consommation de toaka. »69
Toutes les familles du défunt s’amusent toute la nuit. Cette fois-ci, elles préfèrent fêter avec de la musique moderne. Comme elles sont un peu fatiguées d’avoir chanté et travaillé durant le rituel festif dans le lieu du sacrifice. La consommation de jus artisanal de canne à sucre continue toujours. En plus, l’organisateur offre encore des boissons à ses familles pour manifester sa joie. Cette fois-ci, c’est l’aîné des enfants du défunt, en tant que chef de l’organisateur, qui fait le partage de la parole pour offrir ces boissons. C’est une occasion pour les membres de la famille de se faire une reconnaissance car il existe certains d’entre eux qui ne se connaissent pas. Surtout les jeunes ont besoin de se reconnaître pour éviter les incestes.
Le lendemain (dimanche), c’est le jour pour s’occuper de la tête du zébu. Deux rites existent à ce propos: la distribution de la tête du zébu et/ou le repas familial ensemble. Le choix dépend du moyen de l’organisateur. Ce qui signifie que s’il dispose encore du riz blanc à cuire et de boissons à consommer, il procède à ce deuxième rite. De plus, c’est une occasion aussi pour la famille de prendre le repas ensemble. Par contre, si l’organisateur n’a pas de moyen, il dépèce en morceau de viande pour les distribuer à tous les membres de la famille. Après le repas ou la distribution de la viande de la tête de zébu, la fête familiale prend sa fin. Les jeunes vont nettoyer les matériaux utilisés : les grandes marmites, les récipients, etc. en apportant encore des boissons.

           Avant de se séparer, l’aîné des fils du défunt bénéficiaire du sacrifice prend le discours final. Il remercie d’abord les membres de la famille (de leurs aides pour ce rituel festif), ensuite il remercie encore une fois leur présence depuis le samedi soir jusqu’au dimanche midi. Il leur manifeste sa grande joie d’avoir accompli le partage de biens de son défunt père. Ainsi, il offre une dernière dame-jeanne de vin de canne à sucre. Il annonce le discours du partage de la parole concernant ces boissons. Un représentant des membres de la famille présente répond à la parole. Il souhaite la vie merveilleuse à l’organisateur. Quand les boissons sont déjà servies, même s’il y a encore du reste, ceux qui voulaient rentrer peuvent dire au revoir. C’est toujours cet aîné qui répond au discours de séparation.
         Voici un exemple type de ce discours :
« Nous avons envie de vous demander la permission de rentrer.
Nous voudrions prendre la route du retour. Nous voulons retournez chez nous. On vous dit au revoir qui ne signifie jamais une séparation. On vous rend visite à la prochaine fois.







     III- LA RAISON DE LA PRATIQUE ET SES VALEURS CHEZ BETSIMISARAKA SAMBAVA.
        Rien ne se produit par hasard.  Personne fait une chose pour rien, parce qu’il fait une chose, parce qu’il y a des raisons bien spécifiques. Tout le monde doit respecter la croyance des autres. Actuellement, il a des milliers des gens qui pensent que la pratique de coutume ancestrale  est un gaspillage irraisonnable.
       Certes, tout le rituel festif est bien motivé, la raison en est bien déterminée. La raison qui pousse les gens à assumer ce rituel festif est la corrélation entre la vie des hommes et celle des morts. Ce qui signifie que l’homme pratique ce rite pour avoir les bénédictions émanant de Dieu et des ancêtres. Ces bénédictions sont très nécessaires pour la vie des Betsimisaraka. Avec ce zébu sacrifié. Ils croient que la pratique de cette coutume ancestrale les permet d’avoir beaucoup d’opportunités lesquelles amèneront leur vie vers la meilleure.
 Les Betsimisaraka ont peur leurs ancêtres car ils croient que les ancêtres peuvent apporter des malheurs ainsi que des dangers dans leurs vie s’ils ne respectent et ne pratiquent ce culte ancestral.  D’après eux, le non accomplissement de ce rite suscite quelques problèmes avec lesquels les gens rencontrent des difficultés dans leur vie. Ces dangers peuvent être  stérilité de leur  terre, la maladie des volailles et les autres élevages.
         En plus, ce qui est plus grave, c’est que les membres de la famille conjugale peuvent être attrapés par une maladie comme de stérilité, et des maladies quelconques à perpétuée. Toutes ces calamités sont provoquées par les ancêtres demandeurs de leur part de biens. Surtout quand ces ancêtres connaissent que cette famille possède le moyen pour assumer le rite mais elle fait exprès de n’en pas prendre en charge. Il existe des familles qui refusent de faire le partage de biens de leurs défunts parents. Ils trouvent que les dépenses pour organiser la cérémonie sont des dépenses pour rien. En d’autres termes, ils pensent que le rite est un obstacle au développement de leur vie. Alors qu’ils jouissent de biens de leurs parents. La vie ne finit pas sur cette terre. Il vaut mieux éviter que soigner. A ce propos même, le proverbe Malgache nous dit : « Rano saraha-nôsy : alohaloha miaro. (Les eaux d’un fleuve séparées par une île : elles se mêlent (ou se rencontreront) un peu plus loin)). L’île correspond à cette mort qui a introduit la rupture, la séparation (rejet du cadavre). Un certain parcours, les eaux se rencontrent : de même, après un certain temps, les vivants et les défunts se retrouvent»
 Le Malgache considère que la mort n’est l’arrêt total de la vie sur terre mais il croit déjà que cette vie se continue dans le monde de l’au-delà. Il pense que la mort est le passage à la frontière du monde visible, en d’autres termes, le monde dans lequel vivent les êtres vivants pour rejoindre celui de l’invisible où habitent Dieu et les ancêtres.  Sur ce propos, MANGALAZA la compare à la vie sur terre quand il y a un nouveau-né ; il faut que ce dernier doive passer de différents rites afin qu’il puisse devenir un vrai membre de la société humaine. « En effet, dans la mentalité betsimisaraka, il ne suffit pas de venir au monde, par exemple, pour avoir ipso facto le statut de membre à part entière de la communauté des vivants, l’enfant qui vient au monde doit passer par quelques rites (premier dent de lait, sevrage, premier coup de cheveux, circoncision, etc.) avant d’être considéré comme faisant réellement partie de la communauté des vivants. La même indétermination caractérise la vie qui va de l’inhumation à l’exhumation. Pendant cette période, il y a une sorte de flottement du défunt qui confère précisément un caractère dangereux : il ne fait plus partie de la communauté des vivants mais il n’est pas encore réellement (pour ne pas dire socialement) intégré dans la communauté des ancêtres. »80
Comparé à ceux qui, depuis longtemps, vivaient sur le plan de l’invisible, le nouveau défunt devient un nouveau-né. C’est ainsi que pendant l’enterrement, une fois le cadavre est mis dans la tombe (pour ceux qui enterrent le mort), avant de le recouvrir avant de fermer la porte du tombeau (pour ceux qui n’enterrent pas le mort), un ancien aîné du lignage de ce défunt prend le discours.    Il offre le mort aux ancêtres qui habitaient depuis longtemps dans le cimetière.
 Il dit souvent : « Pour vous les ancêtres qui habitent ici dans le cimetière, nous vous amenons X (le nom du défunt), il vous rejoint. A partir de maintenant, il est à vous, il n’est plus parmi nous. Il est novice, disons un enfant chez vous, il ne connaît pas les règles qui existent dans votre communauté. Conseillez-le, éduquez-le pour vivre avec vous. »  La famille vivante de ce défunt doit effectuer quelques rites d’intégration pour faire entrer ce dernier dans la nouvelle communauté. Donc, la cérémonie du partage de biens pour le défunt est une cérémonie d’intégration, une cérémonie qui lève le défunt au véritable rang d’ancêtre qu’on peut invoquer sans aucun danger. C’est pour cette raison que, parfois, les Betsimisaraka n’appellent pas le nom du nouveau défunt quand ils invoquent les ancêtres dans leur vie quotidienne. Ils appellent souvent les ancêtres qui sont déjà intégrés dans la communauté des morts c’est-à-dire ceux qui sont déjà passé par la preuve d’intégration (l’exhumation, l’entrée dans le tombeau ancestral, le partage de biens pour le défunt). Ce qui signifie que les Betsimisaraka croient qu’il y a une énorme différence entre les défunts qui sont intégrés sans doute dans la communauté des ancêtres et  ceux qui n’ont pas encore eu sa part de richesse. Les esprits de ceux-ci, d’après MANGALAZA, en tant qu’en quête de fixation, font peur aux Betsimisaraka, il s’agit des esprits qui viennent en quelque sorte en marge de la société dans la mesure où ils ne sont plus reconnus par les vivants et pas encore agréés par les ancêtres. Il affirme même que : « En tant qu’être marginal, l’esprit d’un défunt non encore exhumé n’est tenu de respecter les règles sociales. »82 Entre l’enterrement et l’accomplissement du rituel festif, le défunt est encore en mal d’être, il est à la recherche de son nouveau certificat d’identité. Pour les Betsimisaraka, le défunt est encore revenant, appelé par les autochtones Angatra. C’est ainsi qu’il est difficile de faire le mal aux êtres vivants, surtout à ses familles car il est pressé pour demander sa part afin qu’il puisse être intégré parmi les ancêtres bénéfiques. Le partage de biens pour le défunt est aussi une cérémonie de réconciliation dans laquelle la famille organisatrice et les ancêtres du lignage se rencontrent. La cérémonie funèbre est un événement de la séparation, c’est-à-dire les humains pensent que le mort les quitte définitivement, il n’est plus membre de la société humaine, sa vie n’a aucune communauté avec les vivants. Tandis que la cérémonie de partage des biens pour le défunt, au contraire, est un point de rencontre, une retrouvaille.   Dans ce cas, le rituel festif est une fête puisqu’il est question de rencontre et non de rupture, d’intégration et non de désintégration.
      A partir de ce jour, la famille organisatrice n’a plus d’inquiétude au sujet de sa relation avec ce défunt parce qu’elle a assumé ses devoirs envers lui. Le défunt a cessé de provoquer le mal à sa famille vivante parce qu’il a retrouvé son identité ancestrale.
Par le rite du partage de biens, le défunt accède au monde des ancêtres. Cela est affirmé par Régis E. MANGALAZA :
« Il ne subira plus le poids du temps et vivra désormais dans une sorte de pérennité proche de l’éternité. Dans ce cas, le défunt est« devenu dieu » (nôdy ho Zañahary) dans la mesure où il se rapproche du monde divin : son existence ne sera plus tissée de ruptures comme l’est encore celle des vivants ». 83
      En général, les Malgaches ont peur d’être mal enterrés et être rejetés par la société.
D’après les Betsimisaraka, être mal enterré veut dire, premièrement, dans la veillée funèbre, on n’est pas assisté par de nombreuses communautés. Cela peut être causé par la mauvaise conduite perpétuée par cette famille du défunt au sein de la société. Par exemple, un membre de la société inaugure quelque chose, personne dans cette famille ne vient; encore quelqu’un est mort dans le quartier, elle n’est pas venue pour l’assister. Pour le Malgache, ce qui est insupportable, c’est d’être éloigné du tombeau ancestral c’est-à-dire le cadavre est enterré dans le cimetière qui n’est pas le sien. C’est en fonction de l’accomplissement de ces rites dans la veillée funéraire que le défunt est bien accueilli ou non par les ancêtres.
       Quand le défunt est bien enterré, ce qui signifie que sa famille vivante a assumé tout le rite. Dans la communauté des ancêtres, ceux-ci sont ravis de le recevoir.
         Cela ne signifie nullement pas que ce défunt n’aura plus besoin d’autres rites pour pouvoir intégrer sans doute dans la société des morts. Ainsi, le rituel festif du partage de biens pour le défunt clôture la cérémonie rituelle concernant la mort. D’une manière générale, le Malgache préfère être rejeté par la société que par la communauté des morts parce que dans le premier cas, il a l’espoir de survivre quand même. En plus, il tentera sa vie dans le monde de l’au-delà. Mais, dans ce dernier cas, il se sent vraiment perdu c’est-à-dire il n’est pas membre de cette communauté des ancêtres, alors qu’il ne pourra plus retourner sur terre pour rejoindre les vivants. C’est ce que le Malgache croit que le mort est absolument mort car il a perdu sa vie éternelle; comme
affirme MANGALAZA: « Il est vrai que la mort n’est pas bien mais il est plus pire encore d’avoir perdu la relation avec les vivants que personne ne lui demande la bénédiction, puis on n’est pas invité dans le rite ainsi qu’on ne reçoit pas des habits. Ainsi, le défunt est absolument mort car le vivant l’a cessé de lui penser, finalement il devient un spectre. »84
        Certes, dans notre vie pratique, il semble que les malgaches sont polythéistes. Ils croient à la fois Dieu et de leurs ancêtres. Mais ils considèrent que leurs ancêtres comme ses portes paroles ainsi que leurs premiers représentants au près Dieu. Ils sont les médiateurs choisis par lesquels les descendants en recevant de la bénédiction. Les hommes transmettent leurs demandes à Dieu par l’intermédiaire des ancêtres. Les Betsimisaraka considèrent que ces derniers sont les maîtres de la bénédiction qui méritent d’être honoré et respecté. La puissance des ancêtres ne dépasse pas celle de Dieu. Même qu’ils respectent ces coutumes ancestrales, ils croient que le Dieu est le seul maître de la vie. La pratique de ce rite n’empêche pas le Betsimisaraka d’éloigner Son Créateur. Ils ont même idéologique que les Chrétiens; c’est-à-dire, ils croient que le Dieu nous a fait don de la vie, du souffle vital. Il est le Seul qui a le droit de nous retirer ce souffle vital. En plus, ce rite réconforte la solidarité entre les familles organisatrices et aussi les communautés locales. Durant de ce dernier, on trouve la solidarité entre eux. Cela nous montre que la pratique de ce culte ancestral consolide la réciprocité entre les organisateurs.
        Cela nous permet de dire que ce rite a une grande importance dans notre vie courante. Cette occasion nous montre la fraternité et la valorisation de Fihavanana que les étrangers ne connaissent pas. Cette valeur fraternelle met ce rite à sa place importante jusqu’à nos jours. Le Malgache aime le Fihavanana. Dans leur vie quotidienne, ce dernier est au-dessus de tous. D’où son proverbe dit : « Mieux vaut perdre de l’argent plutôt que les différentes catégories de parenté ». Ce proverbe sort souvent de la bouche du Malgache, devant toutes les circonstances, pour valoriser le poids de la parenté par rapport à la richesse. La parenté prime toujours sur la richesse. D’après l’idéologie Malgache, la richesse est passagère et elle ne vaut rien. Tandis que la parenté est durable. Face à la difficulté de la vie actuelle, est-ce que ce proverbe est toujours valable? A ce propos, l’homme rencontre une difficulté de compréhension dans laquelle il a une tendance à croire le sens inverse de ce proverbe, c’est-à-dire que l’argent prime la parenté. Il remarque qu’actuellement, c’est l’argent qui détermine la parenté. Bien plus, quand quelqu’un est riche, les gens s’approchent de lui en disant qu’il appartient à leur famille. En revanche, s’il est pauvre, personne ne reconnaît qu’il est parmi les membres de sa famille. Il est certain que l’argent permet actuellement une organisation collective efficace. Il unit les forces du travail. Mais quand cet argent est épuisé, les forces du travail sont aussi épuisées. Donc la valeur de la richesse est éphémère. Tandis que les forces fournies par la parenté survivent toujours. Comme affirme encore un dicton Malgache : « firaisan-kina no hery», « l’union fait la force » ; l’argent ne fait que seconder l’unité humaine.
        Cette union dans la communauté facilite la réalisation du travail. La solidarité dans la parenté a besoin de sacralisation. C’est ce que nous réalisons durant les cérémonies rituelles.
          Ainsi, il y a tant sacrifice de temps et de finances à ces cérémonies rituelles pour restructurer la parenté afin que cette solidarité garde toujours ses forces.
           Les aides financières et la participation en nature contribuées par les communautés sont nécessaires. Certes, les Betsimisaraka pratiquent ce rite en dépensant beaucoup d’argent et en sacrifiant leur temps, non seulement pour assumer leur devoir envers les ancêtres afin qu’ils soient toujours en bonne relation avec eux mais aussi pour fortifier la solidarité de la parenté. Cette dernière est nécessaire pour leur vie. Ils veulent être à côté de leurs morts et être en bonne relation avec eux. Dans la mesure où cette corrélation est bonne, ils croient que leur vie ne heurte pas à une difficulté. En revanche, si les morts sont en colères, ils vont se venger contre les vivants. On appelle cette colère « fañadian-drazana », blâme des ancêtres. Ils nous provoquent fatalement une maladie, une mort prématurée, une mauvaise production, etc. Pour remédier à cette situation, il faut que nos Ancêtres soient bien servis pour éviter tous les dangers qui vont se produire. Cette offre favorisera notre bonne entente avec nos Ancêtres.

         L’accomplissement de ce rite permet au descendant de maintenir leur vie, réussir, jouir, avoir la bonne santé et  traduire donc, non seulement l’honneur des ancêtres et de leur famille et  d‘impliquer aussi surtout le lien indissociable de l’être humain avec Dieu.
    En bref, l’accomplissement de ce dernier marque un respect envers les ancêtres. A partir de moment où cette cérémonie prend fin, la famille de défunt écarte tous les différents dangers que leurs ancêtres peuvent provoquer en montrant leurs mécontentements à l’absence de la pratique de ce dernier. L’achèvement de cette cérémonie marque le commencement de leur joie et de leur bonheur. D’après dicton Malgache : « le devoir n’est pas affilié au mauvaise personne ». La pratique de partage de biens est considérée comme le droit de vivant envers leurs défunts. Un autre dicton Malgache renforce cela aussi car d’après les Malgaches : « le bien qu’on fait est un trésor enterré, le mal qu’on fait est un malheur suspendu.  Nous pouvons dire qu’il ya aucun coté négatif de faire une bonne chose envers les autres. C’est à la fois apprécié par les trois familles rectangulaires tels que Dieu, nos ancêtres ainsi que la communauté dans la société où nous vivons. L’amitié ne s’achète pas. Si les descendants de ce défunt ont bien accompli ses devoirs envers avec leurs ancêtres, mais ces derniers n’arrivent pas améliorer la vie de ses failles, en ce mont là, est-il encore nécessaire de faire cette cérémonie coutumière ? 

                                               

                                                       CONCLUSION
        Les Betsimisaraka préfère de pratiquer ce rituel de partage de biens pendant la saison froide. Cette saison est choisie à cause des plusieurs raisons. Pour la majorité des cérémonies rituelles, la raison est que durant la saison froide, les cultures agricoles sont récoltées. Ce rite se fait pendant la saison froide surtout pendant les mois de Juin, Juillet et Août. Le partage de biens pour le défunt est un rituel festif que les Betsimisaraka des quatre régions pratiquent telles que la région Atsinanana, Sofia, Analanjirofo et ainsi que SAVA. Ces quatre régions célèbrent solennellement ce dernier chaque année durant la période que nous avons déjà précisé ci-dessus. Il est organisé par les descendants du défunt. Les organisateurs doivent sacrifier  à moins qu’un zébu. De plus, le zébu doit être sans défaut physique, sinon le sacrifice ne serait pas accepté par les Ancêtres. La cérémonie rassemble deux communautés qui sortent de deux mondes différents. C’est pour cela que ce rite tient toujours son importance dans la vie sociale de Betsimisaraka de Sambava. D’une part, le défunt qui a reçu sa part avec sa communauté des morts sont contents, car ils ne sont pas oubliés par leur famille vivante. D’autre part, les organisateurs sont fiers d’avoir assumé leur devoir envers leurs Ancêtres. D’où cette cérémonie rituelle est considérée comme une cérémonie de réconciliation par laquelle les hommes et les ancêtres s’entendent bien. La cérémonie commence le vendredi soir (c’est la veillée festive), et elle continue le samedi (le jour de l’exécution de tous les rites y compris l’offrande du zébu). Tout cela se déroule dans le campement ancestral. Le rite se clôture dans l’après midi du jour par un discours de remerciement appelé fafalapa. Cela ne signifie pas qu’elle s’est terminée définitivement, les membres de la famille organisatrice vont continuer la fête dans leur village jusqu’au lendemain (dimanche). C’est après avoir distribué ou mangé la viande de la tête de l’animal le dimanche matin que la cérémonie rituelle prend totalement sa fin. La réception de la bénédiction venant de leurs ancêtres est l’objectif final de cette pratique. Cette bénédiction est un réconfort pour la famille organisatrice. Elle ouvre la voie de sa réussite. A l’inverse, les ancêtres envoient la malédiction envers leurs descendants à cause de leurs irresponsabilités. L’homme a besoin de ses Ancêtres dans son existence afin qu’ils puissent accéder à leur vrai monde. Cette corrélation entre la vie des vivants et celle des ancêtres demandent la pratique de ce dernier. Ce rite de partage de bien  tient toujours son importance dans la vie des Malgaches surtout dans les quatre régions que nous avons citées ci-dessus. En plus, en sachant qu’après la mort, l’homme existera encore pour l’éternité. Donc les Betsimisaraka pensent que la vie au-delà demande de la préparation depuis sur cette terre. Mais l’accession de cette nouvelle vie demande l’accomplissement de ce rituel festif du partage de biens pour le défunt. Du coté des organisateurs, l’accomplissement du rite favorise leurs activités agricoles, leurs élevages, ainsi que leur santé. La préparation du rite est assez dure aujourd’hui face à la difficulté de la vie, car les dépenses augmentent.   Face à cette situation, bon nombre de famille organisatrice donne leur part de biens à  ses ancêtres d’un seul coup. Actuellement ; de nombreux organisateurs se mettent d’accord à immoler un seul zébu pour tout ensemble de morts. D’après eux, il vaut mieux donner leur part en même temps au lieu de les laisser tomber  et ne finir pas de les oublier. Avec cette idée, on ne risque pas de faire disparaître cette coutume ancestrale. Face à ces dépenses que nous cités, est-il encore nécessaire de le pratiquer ? Les Chrétiens n’adhèrent pas et déprécient cette coutume ancestrale. Mais d’après les pratiquants de ce rite, les ancêtres sont nos seuls intermédiaires avec Dieu. Ils transmettent nos messages avec Créateur. En analysant cette structure hiérarchique, ne bénéficieront-ils de cette vie éternelle? Comment se communiquent-ils alors à Dieu sans l’intermédiaire des ancêtres ? Je pense que la bonne réponse serait répondue au moment où la promesse de Dieu est venue. Jusqu’à ce jour, aucun d’entre eux peuvent donner la réponse sur ce sujet controversable. La bonne réponse serait connue lors de promesse de 2è retour de Jésus Chris.





TABLES DES MATIERES
         INTRODUCTION………………................................................................................................ 1
Situation géographique de la ville de Samba……………………………………………………….......2
Bref historique de Betsimisara…..……………………………………………………………………..3
Etymologie du mot Betsimisarak………………………………………………………………………4
Definitions……………………………..............................................................................................5-6
LES PHASES PREPARATOIRES DE PARTAGE DE BIENS...…………………………………7
La réunion des familles organisatrices..................................................................................................7
La répartition des dépenses………..…………………………………………………………………8
La consultation de Devin-Guérisseur..………………………………………………………………9
Invitation aux assistants de la cérémonie…….……………………………………………………..10
La participation des invités...………………………………………………………………………11

LES PREPARATIFS DE LA CEREMONIE…....………………………………………………12
Le rituel de dépôt de vêtements…..……………………………………………………………12-13
La veille du jour et le cœur de la cérémonie..…………………………………………………14-16
LES INVOCATIONS SACREE………………………………………………………………..17
Le rite de battement sur le zébu (vely omby)…………………………………………………17-19
Le rite de la tenue de la que de zébu..………………………………………………………..20-21
L’invocation sacrée du zébu viva……………………………………………………………21-23
Le rite d’invocation à la cuisson……...……………………………………………………..23-24
Le repas sur l’autel.........................................………………………………………………25-26
Le repas collectif.………………………………………………………………………………26

LA CLOTURE DE LA CEREMONI..………………………………………………………27
L’accrochage du bucrane………………………………………………………………….27-28
Le Retour au village………………………………………………………………………….29

LA RAISON DE LA PRATIQUE ET SES VALEURS CHEZ BETSIMISARAKA SAMBAV30-33

COCLUSION…………........………………………………………………………………34





                                                  BIBLIOGRAPHIE
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